RPG Prison Break
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 Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé]

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Evangelyne Mitra

Evangelyne Mitra


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MessageSujet: Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé]   Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé] EmptySam 6 Oct - 0:44

Combien de temps s’était-il écoulé ? Quelques heures, quelques jours, peut être bien une semaine en réalité. Non. Cinq jours, une dizaine d’heures, et une poignée de minutes. Voilà ce qui séparait Evangelyne de son souvenir, voilà ce qui la séparait d’un seul et unique instant, que le temps n’avait pas exempté de regrets et de culpabilité. N’avait-elle que ces sentiments au plus profond de son être, ne ressentait-elle que cela, encore et toujours, tous les jours, sans arrêt ? Il était parfaitement impossible de savoir ce que renfermait cette armure infranchissable dont elle s’était affublée depuis quelques jours ; plus que jamais, Eva était indéterminable, incompréhensible, fermée, froide et distante. Elle était très certainement blasée, plus aucun mot ne l’atteignait, plus aucun regard ne la touchait, plus personne n’existait dans son monde, plus personne ne pouvait effleurer l’espoir d’entrevoir son cœur, à jamais de pierre, trop meurtri, littéralement assassiné par sa propre conscience et sa faiblesse psychologique.

Il y a seulement cinq jours, Evangelyne avait démontré le dédain et le mépris le plus fictifs qu’elle ne l’avait jamais osé auparavant. Cette montagne de sérénité, de prudence et de réflexions était restée de marbre devant la quasi tentative de meurtre de Clark Yalin sur Alice Davis. Elle n’avait pas bougé le petit doigt, était restée dans une indifférence première, et elle savait parfaitement quelle en était la raison. Elle n’avait pu se résoudre à entrer dans le jeu du détenu, qui retenait tout de même ce qu’elle tenait sentimentalement comme une amie, avec fermeté et même violence. Avait-elle fait le meilleur choix ? A l’heure d’aujourd’hui, elle n’avait toujours pas la réponse à cette question. Elle avait beau tourné, retourné et même détourné la question dans tous les sens, Eva ne gardait en mémoire que ce regard troublé et offensé qu’Alice avait posé sur elle. Légitime, certes, mais elle en ressortait blessée.

Evangelyne avait cru bon de se montrer distante, mais Clark avait tardé, et Alice avait agi. En conséquences, tout s’était enchaîné, elle avait demeuré, un gardien était venu, certes un peu tard pour avoir quelques impacts, mais il s’occupa cordialement du détenu, et ensuite d’Alice. Evangelyne était restée en retrait, observant, totalement abasourdie, Alice toujours au sol. Elle était complètement atterrée d’en être arrivée là, surtout quand l’on pensait que sa jeune amie n’avait aucun rapport avec le marché douteux que Clark avait su lui proposer. Elle avait la culpabilité que n’importe pouvait avoir, cherchant les alternatives qu’elle aurait pu saisir mais qui ne lui venaient, bien évidemment, que maintenant. Une équipe médicale avait fini par être détachée dans la cours, les détenus alentours demeurant écartés. Eva ne pue qu’observer, silencieuse, coupable, et pourtant si sereine. Elle ne savait décrire les sentiments qu’elle ressentait, elle ne savait même pas si elle arrivait encore à ressentir quelque chose. Elle fut seulement tirée de son tourment par un gardien qui vint à elle pour s’enquérir de son propre état de santé et de sa version des faits. Elle jaugea que sa lèvre s’en remettrait sans nulle autre considération, et décrivit à l’homme tout ce qu’il s’était passé, selon elle, et surtout tel quel. Elle n’avait pas bougé, elle n’avait rien pu faire, et n’avait pas vraiment voulu. Elle lui épargna les détails, signalant simplement que Clark s’était jeté sur Alice, avait tenté de mettre un terme à sa vie, avant que celle-ci ne s’en débarrasse. Suspicieux, l’homme n’appuya pas pour autant les doutes qu’il avait sur elle, et sur sa neutralité de l’affaire, comme son immobilité. Elle avait ensuite été priée de s’éloigner, et elle n’y manqua pas, certes à regrets, mais elle partit tout de même.

Et voici où elle en était arrivée. Assise sur le banc du self, tournant vaguement le morceau de métal qui lui servait de fourchette dans cette bouillie écoeurant autant par l'odeur que par la couleur. La plus délicate des gastronomies était pratiquée à merveille dans cet endroit, et là où cela lui avait paru insignifiant par le passé, cela ne faisait plus que l'accabler présentemnt. L’ironie et le sarcasme étaient devenus ses seuls compagnons. Légèrement penchée en avant, au-dessus de son plateau, elle fixait intensément son déjeuner sans trop y prêter une réelle attention. Comment avait-elle pu en arriver là ? Comment avait-elle pu laisser Alice en arriver là ? Toujours Alice, encore Alice, une torture !

Evangelyne n’était plus tenue que pas cette femme ! Elle ne saisissait pas ce qui faisait la différence, elle ne saisissait pas ce qui la reliait à la jeune femme. Bon sens, que s’était-il donc passé ? Elle, qui avait juré ne plus jamais se laisser approcher par quiconque ! A l’instant même où elle avait tenté de tirer Alice des griffes de Clark, elle n’avait pas compris ce qui la liait à Alice, mais simplement qu’elle devait le fait, instinctivement, sans aucune question. Quelques mots, quelques minutes, et le sort en était ainsi, les dés étaient jetés, son destin, scellé. De l’amitié, de la sympathie … Tout simplement ce sentiment que quelque chose de leur passé comme leur présent était commun. C’était inexplicable, incompréhensible, et cela devait sans aucun doute demeurer ainsi. Ce qui restait dans son esprit était surtout le fait qu’elle due revoir Alice sous peu. Quand ? Où ? Comment ? Tout restait à faire, et même si Evangelyne demeurait dans l’attente de cet instant depuis près de cinq jours, elle redoutait tout autant la rancune de sa cadette.
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Alice Davis
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MessageSujet: Re: Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé]   Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé] EmptySam 13 Oct - 18:29


Ce ne fut d’abord qu’un murmure lointain, un chuchotement perdu entre le rêve et la réalité. Puis, comme si elle remontait doucement à la surface, elle perçut une voix suave qui, elle en était sûre bien que le sens des mots lui échappaient, la rassurait. Enveloppée par un nuage de coton si moelleux, si agréable qu’elle aurait tout donné pour rester dans cette léthargie délectable, elle sentit des bras invisibles la tirer en arrière pour la faire lâcher prise. Avec une douce cruauté, on la souleva et on l’obligea à émerger.

Lorsqu’Alice s’éveilla enfin, une lumière aveuglante l’éblouit et l’obligea à refermer les yeux. Dans un râle, elle porta les mains à son visage et retrouva alors l’onctueuse obscurité dont on venait de la priver. Elle en profita pour essayer de se remémorer les derniers évènements et il lui fallut quelques minutes pour comprendre ce qu’il lui était arrivée. Si ses déductions s’avéraient être exactes, elle devait se trouver à l’infirmerie. Elle ouvrit un œil, puis l’autre ; sa vision était floue et elle ne percevait rien d’autre que la lueur que déversait la lampe halogène qui se dressait au-dessus d’elle. Mais bientôt, elle reconnut la pureté des murs blancs qui l’entouraient, le style épuré de la pièce et l’odeur significative de l’alcool qui l’imprégnait comme le premier jour où elle y avait mis les pieds. Percluse de courbatures, les membres encore endoloris, le moindre mouvement demandait un effort colossal et elle dut serrer les dents et retenir un cri de douleur pour se mettre assise. Elle jeta un regard circulaire autour d’elle et s’assura qu’elle était bien seule.

De grosses gouttes d’eau s’abattaient avec fracas contre les vitres de la fenêtre à guillotine qui donnait sur le mur d’enceinte. A intervalles réguliers, un mirador déversait dans l’infirmerie une faible lueur. Il y eut alors un éclair lumineux qui balafra le ciel ténébreux avant de se fondre dans la masse ébène, et le silence apaisant auquel Alice s’était habituée fut bientôt brisé par un long grondement de tonnerre. Doucement, la jeune fille se leva et se dirigea vers la fenêtre hermétiquement close. Elle promena son regard sur l’horizon où brillaient de mille feux les villes lointaines, ces villes qu’elle avait connues autrefois mais qui lui semblaient désormais inaccessibles, fuyantes. Sur sa gauche s’élevaient deux phares électriques, semblables à deux cyclopes monstrueux et jumeaux, qui jetaient sur la cour déserte leurs longs et puissants regards ; partis des deux foyers voisins, les rayons parallèles, pareils aux queux géantes de deux comètes, descendaient et balayaient le sol, avant de remonter et d’accomplir encore et encore le même geste. Alice plaqua son front contre la vitre froide et ferma les yeux, bercée par le clapotis de la pluie.

Lentement, elle se tourna pour observer cette fois la pièce où elle se trouvait, l’infirmerie, avec sa table d’osculation, son armoire à pharmacie verrouillée et son bureau rangé, où ne traînait aucune paperasse, aucun stylo, rien d’autre qu’une petite lampe en acier chromé ; et là, sur la gauche, adossée contre le mur blanc, une commode pourvue de multiples tiroirs sur lesquels étaient inscrits quelques mots : « Abruzzi à Barney », «Bush à Granger », « Irwing à McLaggen »…


***

Il était près de dix-neuf heures et l’Agent Davis, seule dans sa cellule, lisait un roman que sa codétenue lui avait gentiment prêté mais dont les mots lui traversaient l’esprit sans qu’elle parvienne à en saisir le moindre sens. Elle tourna la trente-huitième page de l’ouvrage, vit tout ce qui restait à lire et comme la motivation lui manquait cruellement, referma le livre. Etirant les bras au-dessus de sa tête, elle jeta un regard morne autour d’elle. Sa cellule était d’une tristesse sans pareil ! D’un bond léger, elle quitta sa couchette et se résolut à se rendre au réfectoire afin d’apaiser la faim qui la tiraillait depuis déjà plusieurs dizaines de minutes. Seulement, lorsqu’on lui servit une mixture verdâtre et malodorante dont l’aspect de rapprochait étrangement d’une déjection stomacale et dont la désignation resterait à jamais un mystère, sa faim s’évanouit aussitôt et Alice regretta presque de s’être déplacée pour si peu. Son plateau dans les mains, elle partit à la recherche d’une table libre, n’étant pas vraiment d’humeur à converser avec quelques abrutis.

Elle se sentait mal à l’aise, alourdie, mécontente sans vraiment en connaître la raison exacte. Aucune pensée précise ne l’affligeait et elle n’aurait su dire tout d’abord d’où lui venaient cette pesanteur d’âme et cet engourdissement du corps. Elle avait mal quelque part sans savoir où ; elle portait en elle un petit point douloureux, une de ces presque insensibles meurtrissures dont on ne trouve pas la place, mais qui gênent, fatiguent, attristent, irritent, une souffrance inconnue et légère, quelque chose comme une graine de chagrin.

Et elle la vit, elle, assise à une table, seule, la tête baissée sur son assiette pleine d’une bouillie écœurante, à jouer avec sa fourchette.
La demoiselle manqua de lâcher le plateau qu’elle tenait alors et, les dents serrés, contourna la table qu’occupait Evangelyne sans lui accorder le moindre regard, pour s’asseoir un peu plus loin, face à un grand costaux qui rongeait avec passion sa dernière cuisse de poulet. Il l’observa s’installer de son regard lubrique, le visage soudain animé d’une folie infernale.


– Tiens, j’ai plus faim, dit-elle alors en lui tendant son assiette.

Oubliant la présence de la charmante jeune fille, le détenu s’empara du plat qu’elle lui présentait, et armé de sa fourchette, attaqua la mixture douteuse. Alice quant à elle, gardait les yeux rivés sur la table, mâchant machinalement des morceaux de pains qu’elle déchirait avec frénésie.
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Evangelyne Mitra

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MessageSujet: Re: Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé]   Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé] EmptyDim 14 Oct - 18:21

[ J'étais dans l'énergie du rp, un peu trop inspirée pour ne pas déborder hors du sujet ... Je laisse plus de temps, et plus d'alternatives. ]
Voilà exactement pour quelle raison Evangelyne avait une sainte horreur de tous les sentiments qui s’approchaient de près comme de loin de la culpabilité. Elle conservait toujours ce poids indescriptible et si désagréable de se trouver en tort, de devoir supporter ses regrets, de voir défiler toutes ces cruelles alternatives qui s’étaient montrées à elle bien trop tard, qui étaient restées dans l’ombre quand l’heure les sommait le plus d’accourir. Ce sentiment qu’elle avait fait quelque chose de mal, de profondément stupide et égoïste... D’être quelqu’un de méprisable, pire, détestable. La culpabilité qu’autrui pouvait faire peser sur elle dans quelques accusations ou condamnations n’avaient rien de terribles quand l’on considérait le mal qu’elle était capable de se faire seule, juste en reconnaissant sa culpabilité. L’important n’était jamais le jugement d’autrui, mais bien le sien, et en l’occurrence, c’était le plus fataliste et cruel de tous les juges que l’objectivité grandissante d’Evangelyne Mitra. On ne pouvait rien face à cela, elle moins que quiconque.
Elle ne criait pas à l’injustice, elle ne cherchait pas son propre pardon; elle ne voulait aucune pitié, aucune rédemption, elle ne se vouait plus qu’à purger sa peine. Plus que jamais, Eva avait le sentiment que sa place était bel et bien là, car, aussi étrange et invraisemblable que cela puisse paraître aux autres, elle se trouvait plus coupable d’avoir lâchement laisser Alice, que d’avoir torturer et tuer Chris. C’en était tout simplement aberrant, mais elle jugeait cela comme humain. A parler d’Humanité, Evangelyne se savait cruellement mal placée, cependant, elle avait bien largement compris que toutes les souffrances qu’elle avait su imaginer pour le jeune Johansonn, ne valaient en rien le mal qu’elle avait pu faire à Alice. Pourquoi ? Parce que leur petite conversation avait mis au grand jour la faiblesse imposante d’Alice Davis : La confiance. Evangelyne avait sans aucun doute essayé d’y remédier, peut être maladroitement, mais c’était sans nul doute son but. Elle avait voulu insuffler à sa cadette à semblant de confiance en elle, une sorte d’espoir que tout cela soit bel et bien possible un jour, qu’elle saurait faire un point de confiance réellement valable. Et même si ses intentions avaient été bonnes, le fil des évènements avait fait de ses actes une haute trahison, et elle en avait tellement conscience, qu’elle savait mieux que personne à quel point la culpabilité qu’elle savait éprouvé n’était rien comparé à l’ampleur de ce qu’Alice pouvait bien imaginer comme douce vengeance. Eva n’avait plus aucune considération pour sa propre personne que le fait de continuer à vivre pour avoir l’infime chance - ou malchance - de revoir Alice, une seule et unique fois.
En parlant de chance, Eva attendait le Grand Jour depuis maintenant cinq jours. Cela faisait déjà cinq jours qu’elle n’avait pas posé les yeux sur Alice, et, entre satisfaction craintive et impatience native, elle savait que ce jour viendrait. Le sarcasme qui était venu prendre possession de son esprit l’amenait à y lire cette indéniable vérité jusque dans son dîner. Elle était parfaitement écoeuré de ce repas nauséabonde, d’autant plus quand ses maux d’esprit amenaient gentiment des maux physiques : nausées, crampes d’estomac, bientôt, elle passerait directement par la case régurgitation. Répugnant, mais inévitable. Ses yeux allaient et venaient entre les pâles ondulations de cette bouillie repoussante, et elle fixait aussi intensément cette désespérante gastronomie carcérale que son voisin de table la regardait. Eva l’avait remarqué depuis un moment, mais ne préférait même pas y prêter attention. Elle se savait pâle, complètement affaiblie - ne mangeant déjà pas beaucoup d’origine -, perdue, écartée de la réalité, un véritable zombie errant dans tout Fox River avec pour seules occupations sa survie éventuelle, et sans doute peu désirée. Si elle en avait eu la force, et surtout la volonté, elle aurait bien envoyé ce détenu voir ailleurs, cependant, elle était trop affligée, et même blasée pour s’y attarder.
Ce ne devait pas être son jour. De toute façon, ce n’était pas son jour depuis cinq jours. En effet, l’homme qui se trouvait juste à côté d’elle, glissa doucement sur le banc pour s’approcher avec une surprenante délicatesse. Il vint s’accouder près d’elle, et se pencha doucement en avant pour essayer d’entrevoir le regard d’Eva. Elle n’était pas d’humeur à jouer, Eva n’était JAMAIS d’humeur à jouer quoi qu’il arrive, mais autant dire que plus que jamais, encore une fois, ce n’était ni lieux ni le moment de la chercher. Le détenu lui donna un léger coup dans l’épaule, et elle fit l’effort de redresser légèrement la tête, pour croiser son regard, espérant cordialement le dissuader de suite d’entreprendre quoi que ce soir. Un regard bleuté lui apparut, et contre toute attente, ce fut Eva qui s’en détourna. Perturbée pour on ne sait trop quelle raison apparente, elle ne chercha plus à revoir cet homme. Il était un peu tard pour être clairvoyante et compréhensive, elle le savait.
“ Inspecteur Mitra, dit-il d’une voix suraiguë. Si j’avais pu savoir que ... Quel plaisir, poursuivit-il. On dit qu’il existe toujours une justice, continua-t-il avec une satisfaction si perçante qu’Eva en serra les dents pour mieux s’en détourner. Je suis d’accord pour une fois ... “
Eva était maintenant à cent lieues de ce que son ancien ami de “travail” racontait. A tellement se détourner, elle avait pu aisément reconnaître la personne qui n’était personne d’autre qu’Alice. Et là, elle se sentit abandonner des derniers signes d’Humanité qui résidait en apparence. Une telle indifférence. A quoi s’était-elle attendue ? Evangelyne se trouvait fort puérile d’avoir oser garder un certain espoir, et ses convictions passées étaient plus que jamais d’actualités. Elle avait cru bon de croire encore, de garder un tant soit peu de foi, et encore et toujours, elle avait manqué pour sa propre personne. Elle ne la quitta pas des yeux, la suivit du regard, entrevit rapidement le détenu qui lui faisait maintenant face, avant de revenir à son propre codétenu de table, qui ne s’était pas arrêté.
“ ... comme quoi, chacun reçoit le châtiment qui lui est dû, ajoutait-il, seulement certains tardent à arriver et on laiss... “
Ses paroles furent coupées dans l’énergie de sa phrase, et un léger cri étouffé s’éleva doucement de l’homme. Eva venait de se saisir promptement et méthodiquement de sa gorge, émettant deux points de pression de chaque côté, dans un axe parfaitement aligné. Elle s’était d’ailleurs brutalement relevée, pour se saisir de son compagnon de repas, et était à moitié penchée sur le corps étendue du détenu étalé de presque tout son long sur la table.
" Et certains châtiments te sont si inconnus que tu ne mesures même pas la chance que tu as de n'en connaître qu'une infime partie, rétorqua-t-elle entre ses dents. "
Evangelyne avait cautionné trop de sentiments douloureux, et s’était finalement laissée abattre par quelque chose de parfaitement infirme compte tenu du décompte que l’on pouvait en faire. Trop de sérénité avait fini par tuer la sérénité, et il avait suffit d’une Alice Davis pour cela. Le regard bleuté de son ancien “client” était parfaitement terrorisé, d’autant qu’elle ne cessait de serrer les dents. Quelques détenus s’étaient retournés pour voir de quoi il retournait, mais Eva avait relâché la pression aussi vite qu’elle l’avait émise, si bien que presque rien n’avait paru. Autant dire que faire profil bas n’était plus nécessaire au vu des murmures qui se propageaient déjà dans quelques regards en biais, tout cela pour elle. Eva était redevenue parfaitement blasée de tout cela, et elle retomba sur son banc, complètement lasse et vidée. Le détenu s’enhardit rapidement et souplement à se rassoire à son tour, prenant grand soin de s’écarter au mieux. Elle avait bel et bien dérapé, décidemment, ce n’était vraiment pas son jour ...
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MessageSujet: Re: Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé]   Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé] EmptySam 20 Oct - 23:13


Nul ne connaît mieux la mort que celui qui l’a frôlée de très près.

Lorsque la fin est proche, on ne voit pas sa vie défiler sous ses yeux comme le veut la culture populaire ; il n’y a ni tunnel lumineux, ni dissociation de l’âme et de son enveloppe charnelle, seulement vous face à cette force invisible et irrépressible, ce phénomène mystique et cruel qu’on ne saurait expliquer. Alors que des mains glacées se referment sur votre cœur, un souffle froid emplit vos poumons, se répand dans votre corps et engourdit vos membres jusqu’à les paralyser totalement. L’espoir glisse entre vos doigts malgré tous vos efforts pour le retenir et vous sentez ce vide effrayant qui se creuse et que rien ne semble pouvoir combler, comme si votre vie était aspirée par un spectre insatiable. Mais aussi invraisemblable que cela puisse paraître, lorsque la mort est imminente, votre capacité de réflexion atteint son paroxysme et jusqu’à la fin, vous restez conscient de votre environnement et des gens qui vous entourent. Leurs gestes, leur voix, leur visage, il est impossible d’oublier ces images, les dernières, celles mêmes que vous emporterez avec vous dans l’au-delà et cela, qu’elles évoquent de bons ou de mauvais souvenirs.

Il en avait fallu de peu pour Alice Davis, cette jeune et jolie demoiselle qui s’était vue agressée cinq jours plus tôt par un détenu des plus méprisables du nom de Clark Yalin, un sombre crétin qu’elle aurait préféré ne jamais rencontrer et qui, désormais, devait certainement prier pour ne pas la croiser à nouveau à l’angle d’un couloir désert, car Dieu seul savait ce dont elle serait capable de lui faire si une telle opportunité se présentait à elle ! Cependant, si elle pouvait concevoir une telle stupidité de la part de cet homme, il lui était impossible d'oublier le regard que lui avait adressé Evangelyne Mitra, car pire encore que s’il fût chargé de haine, il révélait une effarante et impensable indifférence. En effet, conservant sa sempiternelle impassibilité, la détenue l’avait observée alors qu’elle était en train d’agoniser, sans même témoigner d’une once d’humanité ou de compassion à son égard, et ne lui avait octroyée rien de plus qu’un regard froid et distant, emprunt d’une insensibilité horrifiante. Comment pouvait-on se montrer aussi flegmatique en pareille situation ? Quel genre d’individu pouvait être témoin d’un meurtre et ne rien faire pour l’obvier ?

Désormais, Alice éprouvait bien plus qu’un profond mépris à l’encontre de la détenue : elle avait pitié pour elle. Oui, elle la plaignait véritablement, cette femme monstrueuse dépourvue de principe et valeur morale, et la conscience grandissante de mieux valoir qu’elle lui apparaissait comme un axiome et l’aidait peu à peu à se reconstruire. Sa pugnacité en était décuplée, et bien qu’elle eût été affaiblie par cette épreuve, aussi bien physiquement que psychologiquement, elle avait l’intime conviction qu’elle en ressortirait plus forte qu’auparavant, et surtout, moins crédule. Elle s’était laissée attendrir, avait même envisagé de lui accorder sa confiance, et en fin de compte, Evangelyne avait bafoué les prémices de ce qui aurait pu devenir à long terme de l’amitié ou un sentiment qui s’en serait approché de près.

Alors que d’un geste compulsif et répétitif, Alice déchirait frénétiquement des morceaux de pain, un petit cri étouffé lui fit lever les yeux de son plateau. Il ne lui fallut qu’une fraction de seconde pour déterminer son origine et pas beaucoup plus pour analyser la situation : Evangelyne était maintenant debout, penchée au-dessus d’un homme qu’elle maintenait allongé sur la table en exerçant une légère pression sur sa gorge de façon à l’étouffer, d’un geste qui était vaguement familier à l’Agent Davis. Quelques détenus s’étaient retournés eux-aussi, mais avant qu’ils n’aient pu comprendre quoi que ce soit, la jeune femme avait relâché sa prise, permettant à l'homme de se relever. Une vague de murmures parcourut la salle et on s’échangea des regards interrogateurs. Puis, progressivement, la clameur s’atténua et les prisonniers reprirent leur repas comme si de rien n’était. Evangelyne elle-même se rassit sur son banc, imitée quelques instants plus tard par l’homme qu’elle venait d’admonester. Celui-ci paraissait bien moins sûr de lui qu’auparavant, mais il reprit cependant sa place aux côtés de la jeune femme en prenant soin de laisser un peu d'espace entre eux.

Les yeux rivés sur les deux protagonistes, Alice s’efforçait de comprendre ce qui avait bien pu ulcérer la détenue, d’ordinaire imperturbable, au point qu'elle se laisse emporter par un excès de rage. Elle l’avait connue calme et sereine, déconcertante pour son impassibilité, et ce manque de maîtrise de soi était en tous points inopiné.
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MessageSujet: Re: Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé]   Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé] EmptyDim 21 Oct - 17:46

Se sentant complètement vidée de toute force, Evangelyne plongea son regard désespéré dans son affreux repas. Elle sentait une haine montée en elle, grondant de toutes ses forces, et ce, contre elle-même, prête à démolir ce qui restait encore de sa fierté. Bon sens, pourquoi s’était-elle ainsi emportée ? Elle avait vu l’accumulation de nombreux facteurs s’insinuer en elle, mais de là à s’en voir si peu maîtresse de ses émotions. Son impassibilité déconcertante lui avait gracieusement fait défaut, et la journée qui semblait suivre le cours de la semaine lui paraissait interminable. Elle avait sérieusement dérapé, elle le savait, cependant, il n’existait plus assez de son esprit qui fut libre pour qu’elle eut une once de culpabilité quant à cet incident. Elle était plus figée sur les sentiments qui l’animaient déjà avant sans qu’elle ait besoin d’en ajouter davantage. Elle ne savait plus cautionner quoi que ce soit, et il fallait reconnaître que pour Evangelyne c’était vraiment frustrant. Sa sérénité était son meilleur allié, et maintenant qu’il lui faisait défaut, Eva se sentait orpheline, complètement abattu de n’avoir plus les armes pour se battre, et se relever. La seule chose qui n’ait jamais maintenu sa dignité s’était vu destitué de toutes ses forces et valeurs, si bien qu’elle n’était plus qu’elle-même, elle et l’ego qui lui restait, elle et ses pensées tourmentées, juste elle, à nue.
Elle percevait encore quelques chuchotement quoi qu’ils se soient considérablement atténués en quelques secondes. Les commentaires allaient du “Elle mériterait une bonne leçon, cette garce”, au “Je la butte quand je veux”, “ Et moi je me la fais tout de suite !” en passant pas de charmants “Depuis quand les putains mènent le monde ?”. Les mots effleuraient à peine son esprit, d’autant qu’elle s’efforçait de faire totalement abstraction de tout ce qu’elle était capable d’assimiler, tout en prenant grand soin d’écarter au mieux ce qui pouvait exciter un peu plus sa colère contenue. Il aurait été malavisé - et elle le savait - de tenter sa colère, sa rancune et sa soif de vengeance seulement quelques semaines après la dernière fois où cela lui était arrivé. Et à quel prix ! Tout était bien différent désormais, cependant, elle avait besoin d’avoir les idées claires, de sortir de ses propres pensées hasardeux et douloureuses, de s’en voir fixer, d’enfin se vider pour mieux se relever, et reprendre un chemin plus serein. Son besoin de se retrouver était tel qu’elle n’hésita pas longtemps sur la marche à suivre.
Elle tourna la tête jusqu’à poser les yeux sur Alice. Son point de chute était là, et elle ne pouvait s’y dérober. Ce n’était jamais qu’une entrevue, et si elle ne le faisait par pour Alice, alors elle le ferait au moins pour elle-même, ce qui n’était guère négligeable, si égoïste cela puisse-t-il être. Oh, elle avait toute conscience de ce qu’elle devrait essuyer dans les minutes à venir, elle était loin d’être naïve mais elle n’était pas assez lâche pour y échapper encore, non, elle avait assez de détermination pour aborder ce qui lui restait encore comme devoir. Ce que les sentiments étaient la pire faiblesse de l’Homme ! Quoi qu’il en soit, elle prit sa dignité d’un côté et sa volonté de l’autre, et parvint malgré quelques nausées récurrentes à se lever. Elle s’écarta de la table, fermement décidée à régler une bonne fois pour toute ce qui lui tenait à coeur. Qu’Alice sorte une bonne fois pour toute de cette brèche qui avait percé une partie de son coeur ! Eva savait combien sa méfiance avait eu raison d’être, et pourtant, elle n’avait guère suffit.
Sachant pertinemment qu’elle était loin d’être désirée, elle fit le tout prestement de manière à avoir une seule chance d’au moins en placer une. Ce qui fut d’ailleurs rassurant pour Eva fut bien que le détenu qui se trouvait en face d’Alice eu la bonté - ou la brillance d’esprit - de se décaler à son approche, glissant le long du banc. Evangelyne ne lui prêta pas de regard, et se contenta de prendre place en face d’Alice. Il n’existait ni culpabilité, ni regrets, aucune émotion, elle était revenue à sa grande neutralité, quoi que bien trahie par sa fatigue. De toute façon, Eva savait combien Alice était capable de voir les sentiments qu’elle se plaisait talentueusement à cacher aux autres.
"Vous pouvez avoir toute la haine et l’amertume que vous voudrez à mon égard, je ne cherche pas à changer cela, engagea-t-elle promptement. Mais je vous demande seulement deux petites minutes, Mademoiselle Davis, poursuivit-elle. Deux petites minutes pendant lesquelles vous n’aurez qu’à écouter avec tout le silence et la contenance que je vous sais ..."
Sa demanda pouvait paraître audacieuse, mais elle avait toujours confiance en Alice, si bien qu’elle garda tout de même la conviction qu’elle avait ses chances de pouvoir déposer sa plaidoirie, après quoi, elle aurait fait du mieux qu’elle aurait pu, et se serait détachée d’un certain fardeau. Car Alice pourrait sans doute lui en vouloir d’avoir agi de cette façon, mais elle en connaîtrait toutes les modalités, les vraies modalités ...
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Alice Davis
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MessageSujet: Re: Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé]   Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé] EmptyVen 2 Nov - 19:01

Les chuchotements allèrent bon train encore quelques minutes après qu’Evangelyne se fut rassise, des murmures qui, pour la plus part, se voulaient médisants, voir insultants, mais dont elle ne souciait pas le moins du monde. Le regard vide, comme si elle se fut abîmée dans de sombres pensées, la jeune femme restait de marbre face aux invectives qui lui étaient destinées et qui semblaient glisser sur elle telle une eau limpide sur un galet poli. La bassesse des propos ne l’atteignait certainement pas, se dit alors Alice qui désormais, l’observait avec un mélange de curiosité et d’incompréhension. Où était donc passé cette imperturbabilité qu’elle lui connaissait ? Qu’est-ce qui avait bien pu l’excéder au point qu’elle perde son sang froid ? Pendant une fraction de seconde, elle se surprit à envisager d’enquêter à ce sujet afin de trouver un point de faible, un moyen de pression, et déjà lui venait à l’esprit l’esquisse d’une douce vengeance. Mais elle abandonna bien vite ce funeste dessein qui visait à se faire justice par elle-même de l’affront dont elle avait été victime et tirer une certaine satisfaction de la douleur de la jeune femme. Alice n’était pas du genre à se réjouir des malheurs d’autrui, même s’il s’agissait d’une personne qu’elle méprisait au plus au point. Toujours était-il qu’elle refusait de se laisser aller à des actes d’une telle infamie et préférait jouer la carte de l’indifférence. C’est pourquoi elle replongea son regard sur son plateau et s’évertua de chasser de son esprit la troublante image d’une Evangelyne troublée. Si elle parvenait à l’oublier, peut-être pourrait-elle enfin reprendre une vie « normale » ou du moins, ce qu’il y avait de plus normal pour un agent du FBI infiltré dans un pénitencier de haute sécurité…

Depuis qu’elle avait manqué de peu de se faire tuer, Alice avait quelque peu changé dans la façon de se comporter mais aussi, et c’était plus préoccupant, de penser. Plus distante, plus froide et parfois même arrogante, elle était désormais persuadée que rien n’y personne ne mériterait sa confiance à l’avenir et que, quelque part Evangelyne avait raison : accorder sa confiance, c’était se destiner à être trahie. Ce credo était devenu une sorte de dogme qu’elle s’efforçait d’appliquer à la lettre et qui ainsi, lui garantissait une certaine sécurité. Elle était bien décidée à ne plus laisser quiconque s’approcher plus de raison et de ce fait pouvoir l’atteindre ; et cela s’adressait à tous sans exception. L’appréhension de se faire à nouveau abuser était si forte que ces mesures ne lui apparaissaient pas radicales mais nécessaires. Quand méfiance devenait suspicion…

Lorsqu’elle redressa son visage, elle ne comprit pas tout de suite ce qu’il se passait. Evangelyne s’était levée et se dirigeait vers elle, d’un pas rapide et assuré, ne laissant pas d’autres alternatives à la jeune fille que de supporter sa présence à sa table. Etrangement, le détenu aux bourrelets souriants et aux rebonds plein de grâce qui lui faisait face se décala à son arrivée et Alice l’accusa même secrètement de s’être ligué avec elle. Une fois qu’Evangelyne se fut installée face à elle, arborant désormais l’impassibilité qui faisait toute sa renommée, et qu’Alice se fut résignée à accepter sa promiscuité, celle-ci tourna un visage sévère en direction du détenu qu’elle soupçonnait de collaboration :


- Dégage.

Elle avait parlé d’une voix ferme et autoritaire qui le défiait de contester et son regard devait être si noir, sa mine si grave et son ton si indubitable, que le détenu ne se fit pas prier une seconde fois et se leva sans émettre la moindre opposition. Si tôt qu’elles furent seules, Evangelyne engagea la conversation, peut-être parce qu’elle redoutait qu’on ne lui donne plus l’occasion de parler ensuite. Et il était vrai que, si Alice se refusait à déverser sur elle un flot de jurons aussi grossiers les uns que les autres bien que mérités, la perspective d’écraser son visage dans la mixture verdâtre au menu ce jour-là lui plaisait particulièrement. Mais elle écouta plutôt ce qu’Evangelyne avait à lui dire, murée tout comme elle dans une placidité toute sérieuse. La demoiselle concéda tout d’abord qu’on put être offensé après une telle épreuve, avant de solliciter deux minutes d’attention. Il y eut un court silence durant lequel elles s’observèrent sans ciller. Alice la maintenait sous le feu de son regard tout en s’exhortant au calme et à la patience qui visiblement, lui faisait défaut à cet instant, car elle brûlait d’envie d’exprimer le fond de ses pensées. Néanmoins, elle serra les dents et octroya même un sourire forcé, avant de répondre :

- Soit, je vous écoute. Je peux bien attendre deux minutes avant d’écraser mon poing dans vos dents...

Elle posa ses coudes sur la table et rassembla ses mains à hauteur du menton sans la lâcher du regard. Evangelyne lui apparut bien plus fatiguée que lors de leur première rencontre et elle crut même déceler quelques marques d'accablement sur son visage marmoréen. Puis, lorsqu’elle fut prête à écouter de ce qu’elle avait à dire et à obtenir des explications, elle l’encouragea à discourir d’un haussement de sourcil.
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Evangelyne Mitra

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MessageSujet: Re: Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé]   Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé] EmptyVen 2 Nov - 23:36

Son poing dans les dents ? Tout à fait charmant. Evangelyne aurait bien volontiers désiré répliquer avec plus d’ardeur et de tranchant qu’Alice n’en avait eu l’extrême bonté. Elle préféra néanmoins prendre le pas sur sa cadette, se contenta d’un léger recul, et marqua tout bonnement un temps d’arrêt. Après tout, elle avait quelque peu chercher ce genre d’instants et de propos et elle se savait dangereusement exposer à de telles répressions, quoi qu’elle ne s’y plierait pas pour autant. Si elle devait une certaine culpabilité pour la jeune femme, Eva ne lui devait aucuns sévices. Peut être qu’une droite dans la mâchoire n’aurait pas totalement l’air déplacé, et pourtant, elle avait une plaidoirie à exposer, après quoi, le sort et la compréhension - ou non - d’Alice jugeraient si Evangelyne devait tout de même faire un tour par la superbe infirmerie de Fox River. Quel programme attrayant, tout le sarcasme qui habitait l’ex enquêtrice et profiler se réjouissait d’ailleurs par avance dans une satisfaction perverse et presque démente.
Ce n’était pas comme si Eva avait préparé un tel discours, bien au contraire, elle venait de prendre sa décision, il y a seulement quelques secondes, et même si elle « sortait » de plusieurs jours de réflexions et de tourments, elle n’avait pas vraiment envisagé comme probable un tel entretien avec Alice. C’était une sorte de légère naïveté, durant laquelle elle s’était plue à croire qu’elle réchapperait à toute conversation, mais plus qu’un devoir envers Alice, c’était un besoin vital pour elle-même. L’égoïsme d’Eva avait également fait un peu de chemin depuis leur dernière entrevue, et même s’il n’était pas au premier plan, elle était loin d’avoisiner la perfection, si bien que ce cruel défaut était bien là, peut être terré, mais loin d’être absent. Valant donc ce pesant dans l’esprit d’Evangelyne, elle s’était décidée à faire ce qu’il fallait, et quand il le fallait. Le temps était donc venu, un règlement de compte était activé, et les sentences allaient pleuvoir, que ce soit pour l’un ou l’autre des partis. Alice avait toutes les raisons du monde de pouvoir châtier Evangelyne mais cette dernière était loin de n’avoir aucun reproche dissimulé sous le flot de sa culpabilité encombrante.
"Je vous en remercie, finit-elle par articuler, non sans peine par sa mâchoire crispée. Je vous prie de ne pas prendre en compte mon état négligeable, et de vous arrêter uniquement sur les quelques mots qu’il me reste à vous adresser. Après quoi, vous pourrez, bien évidemment, poursuivit-elle en insistant clairement sur chacun de ses mots, m’écraser avec tout le raffinement et la délicatesse de rigueur votre poing dans mes dents. "
Un tantinet sarcastique ? Évidemment, elle était surtout pour le moins tendue. Une flopé de mots auraient voulu sortir sur le champs, ce qui était bien entendu parfaitement inconcevable. L’important était de mettre ses idées en place, de formuler des phrases correctes, de dire l’essentiel, et ce, en moins de deux minutes pour éviter de manquer des points importants. En apparence, cela n’avait vraiment rien de compliqué, mais pour Eva, c’était tout autre chose.
"Quand Clark a tenté de pactiser de nouveau avec moi, je puis vous promettre, continua-t-elle calmement, que j’ai tout fait pour éviter qu’il ne s’en prenne à vous. J’ai même cru pendant un moment que vous pourriez concevoir le fait qu’il soit dangereux. Peu importe, maintenant. Ce qui vous intéresse sans doute un peu plus est le dénouement de cette affaire. Oui, vous avec pris ma place, et oui, je sais que ma gorge plutôt que la vôtre aurait dû se retrouver entre ses mains, et oui, j’ai des regrets de vous avoir impliqué. Les choses se sont enchaînées, enchaîna-t-elle un peu plus rapidement, j’avais la stupidité de croire que tout pourrait se régler plus simplement, mais il était trop sot pour comprendre la manœuvre. Je n’ai rien fait, oui, c’est vrai, strictement rien, dit-elle avec plus de détermination, je suis restée dans toute la sérénité voir le dédain qui me sont propres, jusqu’au bout, je me suis fais plus indifférente que jamais, je n’ai cessé d’éviter de croiser votre regard, mais là où vous vous égarez mademoiselle Davis, c’est bien dans la raison pour laquelle je l’ai fait !"
Remarquant très nettement qu’elle s’était à moitié levée de sa chaise, Evangelyne compris aisément qu’il n’était plus le temps de penser, et qu’au point où elle en était, elle ne pouvait pas se retrouver plus bas. Autant aller au bout des confessions, une bonne fois pour toute, de toute façon, elle allait mourir dans ce trou, alors un peu plus tôt un peu plus tard.
"Vous aurez beau croire que je vous ai trahi, reprit-elle avec toujours autant d’ardeur, que je me suis servie de vous, que j’ai essayé de m’approprier votre confiance, et Dieu sait que je l’ai désiré, mais pas dans le but de m’en servir contre vous ! J’ai eu la faiblesse d’esprit et de cœur de m’ouvrir à vous, parce que je voyais en vous quelqu’un de valable, de vraie, je pressentais quelque chose qui m’était familier. Cette familiarité me déchirait le cœur, plus que vous ne sauriez le penser, j’avais peur, oui, j’avais plus peur que ma dignité ne m’en donnait le droit, peur de me voir encore une fois trahie, par mes sentiments, s’exclama-t-elle, clairement debout, l’air étrangement troublé. Alors sachez au moins une chose, la seule raison qui m’ait poussé à agir tel quel, et à faire croire à cet idiot que vous me laissiez indifférente, est bien que je tenais à vous ! J’ignore par quel moyen, de quelle façon, mais vous m’étiez définitivement cher, au point que je me fasse un devoir de vous aider, et voyez comme je suis faible ! J’ai failli dans tous les mondes, sur tous les plans. J’ai fragilisé mon cœur, et je sais que j’en ai fait de même pour le vôtre, mais j’ai au moins la conscience d’esprit de ne pas l’avoir fait en pensant à mal. "
Debout, complètement réveillée de sa léthargie passée, aux prises avec des sentiments parfaitement indistincts, elle se laissait tout simplement aller aux mots qui lui venaient. Elle avait largement dépassé le temps imparti, mais elle n’avait plus de notions temporelles, si bien qu’elle s’était emportée au fil de ses pensées. Elle n’avait d’ailleurs pas tout à fait fini :
"Vous lui ressemblez. Beaucoup trop pour me voir indifférente."
Le mot de trop, sans doute. Evangelyne n’était de toute façon plus à cela près. Un peu plus, un peu moins, elle avait déjà trop parlé rien qu’en commençant. Elle se réinstalla sur sa chaise, ne quittant toujours par le regard d’Alice, définitivement sereine.
"Allez-y. Je ne sais pas si vous êtes gauchère ou droitière, mais si ça peut vous enlever un poids amer … Ne vous gênez pas."
Elle conservait son regard tout pour Alice, fermement décidée à accepter son sort, après autant de mots sincères, sans aucun jeu. Eva était définitivement à nue, et pour une fois, elle l’acceptait.
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MessageSujet: Re: Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé]   Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé] EmptyDim 4 Nov - 19:42

Cette hostilité désobligeante ne ressemblait pas Alice Davis et même ces mots qu’elle voulait virulents sonnaient faux dans sa bouche. Sa rancune était effective mais le simple fait qu’elle l’extériorisât ne lui correspondait pas. C’était se montrer d’une grande faiblesse que d’admettre avoir été affectée et d’ordinaire, elle aurait jouée les jeunes filles intouchables, insensibles et ne se serait pas montrée aussi offensée. Seulement, il était trop tard désormais pour faire croire à Evangelyne qu’elle n’avait pas réussi à l’atteindre, d’autant plus qu’il était très probable qu’elle l’ait déjà compris. Et si l’on ne pouvait déceler dans les propos de l’agent Davis la moindre once du mal-être latent qu’elle portait en son fond, car elle s’appliquait à ne rien laisser paraître de ses émotions si ce n’était un profond mépris à l’encontre de la jeune femme, une étrange et désagréable impression la démangeait, la sensation inquiétante que ses faiblesses avaient été mises à nue au moment même où Evangelyne avait commencé à compter à ses yeux. Pour s’en protéger, la défense qu’elle avait adoptée inconsciemment était de le nier, de se terrer sous une carapace inébranlable en présentant une attitude pugnace, un tantinet provocante. Ainsi, toute cette agressivité n’était destinée qu’à éloigner Evangelyne d’une vérité qu’elle ne devait surtout pas apprendre.

Les difficultés que Mademoiselle Mitra éprouvait à s’exprimer, comme si elle-aussi se voyait contrainte d’affronter une vérité difficilement acceptable et ô combien effrayante, ainsi que les pointes de sarcasmes qui ponctuaient ses propos, laissaient croire qu’elle était quelque peu tendue. Cependant, c’est d’une voix calme et déterminée qu’elle s’adressa à la jeune fille. Elle évoqua tout d’abord son échec dans les vaines tentatives à l’éloigner du dangereux Clark Yalin et tous les efforts qu’elle avait alors développé pour la protéger de ce monstrueux personnage. Et s’il était vrai que ses souvenirs coïncidaient parfaitement, Alice se souvenait également qu’elle n’avait pas, comme l’insinuait la meurtrière, sous-estimé la dangerosité du détenu et avait même essayé de s’en écarter, avant qu’il lui somme de rester en leur charmante compagnie avec un peu trop d’impudence à son goût. Ainsi s’était-elle vue obligée d’assister à leur échange. Si elle s’était doutée un instant qu’il s’agissait là d’un tueur en série qui s’apprêtait à rajouter son nom dans son funeste palmarès, évidemment qu’elle se serait retirée sur le champ mais comment aurait-elle pu concevoir qu’un individu pût être aussi impulsif et, disons-le franchement, stupide, pour tenter un assassinat en plein milieu de la cour, sou l’œil vigilant des gardiens de prison ? Bon, d’accord, ce jour-là, ils ne lui avaient pas été d’un grand secours mais en théorie, leur simple présence aurait dû le dissuader d’attenter à sa vie.

Ensuite, la jeune femme en vint à l’épisode qui était sans aucun doute le plus intéressant : le dénouement de l’affaire ou comment elle était restée insensible à la tentative de meurtre sur Alice Davis. A cet instant, elle perdit son calme et elle s’était pratiquement levée lorsqu’elle lui expliquait qu’elle n’avait su prévoir le comportement de Clark et que c’était elle qui aurait dû être sa cible. Sur ce point, Alice n’allait pas la contredire : elle n’aurait jamais dû se retrouver même le sol, sentir des mains enserrer sa gorge jusqu’à empêcher l’air d’y entrer et elle aurait préféré ne jamais croiser le regard indifférent d’une Evangelyne murée dans son impassibilité. Il n’était plus question de confiance ou d’un semblant d’amitié, il s’agissait là d’un devoir moral, d’un soupçon d’Humanité qui visiblement, lui avait manqué. Evidemment, elle s’était sentie trahie, abusée et abandonnée, mais bien plus que la déception, elle avait éprouvé de l’incompréhension quant à son attitude.

Evangelyne souhaitait révéler les véritables raisons qui l’avaient poussée à agir de la sorte ou plutôt devait-on dire à ne pas agir du tout, car elle n’avait strictement rien fait pour lui venir en aide lorsque Clark était sur le point de lui ôter la vie. Avec ardeur et conviction, elle lui confia qu’elle avait eu la « faiblesse d’esprit et de cœur » de s’ouvrir à elle, pensant qu’elle était en était digne, qu’elle saurait apprécier ce privilège à sa juste valeur. Et en l’entendant ainsi parler, Alice se sentit tout à coup bouleversée, désorientée, si bien qu’elle en oublia pendant quelques minutes ce qu’elle lui reprochait au juste, et comme si elle voulait s’assurer que la jeune femme n’essayait pas de l’attendrir pour mieux la manipuler ensuite, elle plongea son regard dans le sien tout en s’efforçant d’y déceler les marques d’un mensonge. Et bien qu’elle sût qu’Evangelyne eut été autrefois une profiler hors paire et qu’elle savait parfaitement dissimuler ses sentiments et ses véritables intentions, elle avait l’intime conviction qu’à cet instant, elle était sincère. En tous cas, Alice s’y laissa convaincre, peut-être un peu trop facilement, peut-être à tort après tout. Elle ne savait que trop bien combien il était difficile d’accorder sa confiance et de fonder quelque espoir après avoir été trahie et c’était d’ailleurs pour ces mêmes raisons qu’elle en avait été si affectée, bien qu’elle ne fut toujours pas prête à l’avouer.

Lorsqu’Evangelyne finit par lui expliquer qu’elle s’était montrée indifférente à son sort et avait arboré une insensibilité factice en pensant que Clark comprendrait qu’il ne tirerait rien elle de cette façon et chercherait un autre moyen de la rallier à sa cause, Alice resta sceptique. Elle avait envie d’y croire, de s’abandonner à cette version des faits, mais elle n’y parvenait pas, tout comme il lui était impossible de pardonner à cette femme. Elle ignora sa remarque sarcastique, elle avait autre chose à l’esprit. En effet, le besoin d’en savoir plus pour comprendre grandissait chaque seconde qu’elle passait à la regarder dans les yeux. Alice conservait sa sérénité et restait immobile tandis que son interlocutrice, qui s’était rassise sur sa chaise, l’observait, attendait qu’elle daigne lui répondre. Et après quelques minutes d’un silence pesant qu’Alice avait observé dans le seul but d’agacer un peu plus la jeune femme qui commençait à s’agiter.


- Il n’avait pas l’intention de céder, on le voyait très bien dans ses yeux. En tous cas, moi, j’ai eu toute l’occasion de le constater lorsqu’il était assis sur moi et qu’il m’étranglait, fit-elle remarquer. Je pensais que c’était évident, sinon je n’aurais pas hésité à vous prévenir, histoire que vous veniez m’aider... Elle marqua une courte pause avant de reprendre d’un air grave, Et si je n’étais pas parvenue à me libérer, s’il avait continué à serrer ma gorge, vous seriez restée debout, impuissante, et vous auriez assisté à mon meurtre sans rien dire, sans rien faire, seulement par fierté, pour me « protéger » ?

Elle avait prononcé le dernier mot en insistant bien sur chaque syllabe, comme pour mettre en avant le caractère absurde de la chose. Elle eut un petit rire ironique qui, loin de détendre l’atmosphère ou apporter un peu de légèreté à la conversation, ne fit qu’accentuer son aspect tragique.

- Non, mais sincèrement, qu'est-ce qui aurait pu m'arriver de pire si vous étiez intervenue ?

Sur ce point, elle avait vraiment besoin qu'on la renseigne car la logique d'Evangelyne lui échappait totalement. A moins, bien sûr, qu'elle n'ait jamais voulu qu'elle en ressorte saine et sauve, dans ce cas-là, c'était tout de suite nettement plus vraisemblable.

- Et si je lui ressemble vraiment, reprit-elle alors, la voix tremblante par la fureur, j’aurais peut-être dû mourir ce jour-là. Un Clark Yalin dans le monde, c’est déjà trop à mon goût !... Oui, vous avez certainement eu raison après tout. Quel dommage que je m’en sois sortie vivante, n’est-ce pas ?
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MessageSujet: Re: Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé]   Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé] EmptyDim 4 Nov - 20:28

"Ecoutez moi deux secondes …, reprit-elle amèrement. Est-ce que vous pouvez seulement savoir ce que représente pour moi le fait d’avoir eu la faiblesse d’avoir de nouveau confiance ? Non ! Vous ignorez tout de moi, et vous jugez mes faits et gestes comme absurdes, ou même stupides ! Il ne s’agissait pas pour moi de fierté, continua-t-elle en se redressant élevant le ton lentement, je n’en avais rien à faire, car s’il avait fallu, croyez bien que je me serai salie les mains, et que je l’aurais tué sans hésiter, et ce, uniquement pour vous ! Vous parlez toujours sans savoir, poursuivit-elle dans un discours presque craché à contrecœur, mais dès lors que j’ai pris conscience de l’acte que je pourrais commettre pour une femme que je ne connais pas, j’ai saisi la seule alternative à peu près pacifique qui me soit tombée sous la main ! Vous voulez m’en vouloir, mais allez-y, ne vous gênez surtout pas, continuez à m’affubler de toute la culpabilité que vous voulez, je n’ai pas besoin de votre considération pour cela ! La dernière fois qu’un sentiment pareil m’a animé, j’ai commis le dernier meurtre de ma vie, finit-elle rageuse.
Evangelyne marqua un temps d'arrêt providentiel, défiant littéralement Alice du regard d'ajouter quelque chose.
"Quand je parlais de ressemblance, mon sous-entendu n’allait pas du tout pour cet idiot de Clark, il s’agissait de quelqu’un d’autre, ce n’était pas clair en votre sens, mais ça l’était pour moi …, ajouta-t-elle en détournant le regard."
En réalité, le souci de compréhension changeait toute l’explication. Evangelyne n’avait pas été d’une grande clarté dans ses mots, tout simplement parce qu’elle s’était laissée aller à dévoiler ses propres pensées sous la forme de mots. Elle les avait donc livré un peu comme elle lui venait, ce qui variait considérablement l’interprétation de ses derniers termes. L’ignorance d’Alice faisait une partie de sa colère, en réalité, cependant, Eva était bien loin de vouloir lâcher quoi que ce soit de plus. Si sa cadette ne pouvait pas concevoir ce premier point, elle était loin d’avoir le droit d’entendre la faiblesse imposante d’Evangelyne Mitra. Cette dernière ne s’y était d’ailleurs pas encore tout à fait résignée, et pourtant, elle savait que la vérité, si cruelle soit-elle, était bien là.
Où était alors la vérité ? Simple. Si simple qu’Eva aurait pu l’avouer dès maintenant, mais elle se sentait trop blesser. Alice Davis ne représentait personne d’autre que Jill, Jill Mitra, qui aurait eu 23 ans cette année si Chris Johansonn n’en avait pas décidé autrement. La solution était juste là, cependant, complètement occultée par les regrets et la culpabilité sans nom d’une Evangelyne Mitra, ravagée par une haine interne dirigée contre elle-même. C’était atterrant, mais l’ex enquêtrice avait fait contre son gré un rapprochement qui l’avait horrifié, complètement fasciné par la terreur et des souvenirs douloureux. Tous les éléments s’emboîtaient d’ailleurs parfaitement en ce sens : Eva ne voulait plus tuer pour ce sentiment, elle avait voulu protéger Alice, comme elle avait fait défaut à Jill, et elle s’était bien retrouvée encore une fois face à l’échec. Avoir la rancœur effective d’Alice représentait toute l’amertume qu’Eva se pensait due vis-à-vis de sa sœur, bien que cette dernière n’ait jamais eu le loisir de le lui faire comprendre. En un sens, tout était logique, presque légitime, et c’était justement là où Alice ne pouvait pas le deviner seule, mais où Eva ne serait certainement pas prête de céder. Elle gardait cette blessure ouverte, qui demeurait ainsi au cours de temps, comme un affront perpétuel. La rancune d’Alice n’était rien, en comparaison de ce qu’Evangelyne s’infligeait elle-même, faute de quoi, elle aurait eu bien plus de mal à venir jusqu’ici, et à s’exprimer.
"Vous voulez que je vous dise, Mademoiselle Davis, vous avez raison sur un point, finit-elle par dire en revenant croiser le regard de sa cadette sur un ton nettement plus calme. Ce jour-là, j’ai commis une grave erreur, et je viens surtout de comprendre que ce n’était pas votre pardon qui m’importait …"
Hallelujah ! (Si l’on peut dire ainsi) Evangelyne venait d’enfin reconnaître où était son problème, ce qui n’était pas une maigre tâche, il fallait le savoir. Alice l'avait blessée sans réellement le savoir de parler avec autant d'ignorance, si bien qu'Eva s'en voyait quelque peu échauffée. Bien entendu, elle regrettait son geste, ou plutôt de n’avoir rien fait, mais c’était une culpabilité plus profonde qui la rongeait réellement. Alice ne saurait rien de ce fameux problème, et Eva savait seulement qu’elle avait bien fait de venir jusqu’ici, elle était loin d’avoir tout perdu. Certes, elle n’avait pas eu le pardon d’Alice, mais peu importait, elle ne le cherchait pas, elle était surtout troublée par ce besoin qu’elle avait eu il y a quelques jours de combler la perte de sa sœur par une faiblesse une telle envergure. Elle ne le regrettait pas, elle en était seulement abasourdie. Elle se réinstalla tout simplement, posant un regard égaré sur la surface lisse de la table.
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Alice Davis
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MessageSujet: Re: Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé]   Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé] EmptyLun 19 Nov - 20:32

[Milles excuses pour mon retard ! Je manque d'inspiration en ce moment et je ne me sens pas vraiment d'humeur à écrire (ça se remarque dans le RP d'ailleurs). En espérant que cette mauvaise période sera de courte durée...]


Evangelyne Mitra était de ceux qui n’extériorisaient que très rarement, voir jamais, leurs émotions et c’était sans doute ce qui faisait toute sa renommée au sein du pénitencier. Qu’elle en ait eu conscience ou non, elle était devenue en peu de temps un des sujets de conversation favoris des autres détenus de par son attitude désinvolte, ses répliques acerbes et ce calme terriblement déconcertant dont elle seule avait le secret. Autant dire qu’elle en exaspérait plus d’un avec cette imperturbabilité à toute épreuve, Alice la première. En effet, si au début cette impassibilité infrangible lui était apparue comme un défi à relever, une sorte de petit jeu entre elle et une ancienne profiler des plus expérimentées, désormais, le jeune agent du FBI avait besoin de réponses, même si cela signifiait qu’elle devrait affronter l’acrimonie de la prisonnière. Aussi, il était des plus étranges de voir la détenue d’ordinaire si calme et si sereine s’emporter de la sorte et surtout aussi facilement. On aurait pu penser qu’il aurait fallu redoubler de stratagèmes et de provocations pour parvenir à l’irriter un tant soit peu, mais visiblement, la jolie brune était d’humeur courroucée, si bien que ses yeux semblaient enflammés par une rage incontrôlable et que ses membres tremblaient. Son visage était crispé par une fureur qu’Alice avait su attiser en soulignant sa culpabilité dans l’espoir de voir apparaître la vraie Evangelyne et non pas une représentation édulcorée de la demoiselle. Cependant, la cadette était loin de s’imaginer qu’elle en viendrait presque à regretter son arrogance aux vues d’une Evangelyne totalement exaltée et bientôt, elle se sentit elle-même coupable d’avoir osé exiger la vérité.

Cependant, confite dans un angélisme dévastateur, Alice s’évertuait à ne rien laisser paraître, pas même une once de la gêne qu’elle éprouvait face à ce spectacle tout à fait déroutant. Elle se contenta de rester simplement immobile, face à elle, à la fixer intensément alors qu’Eva lui débitait une longue et douloureuse tirade dont chaque mot lui parvenait avec une clarté surnaturelle. Alice prenait doucement conscience de l’atroce dilemme auquel la détenue s’était vue confrontée, bien qu’elle ne pût toujours pas comprendre son geste, car cela suggérait presque de justifier sa défection. En effet, « comprendre » la décision ou la conduite de quelqu’un, signifiait (et c’était aussi le sens étymologique du mot) les mettre en soi, se mettre à sa place, s’identifier à lui. Or, il lui était tout bonnement impossible de s’imaginait rester volontairement impuissante à une tentative de meurtre. Mais si comprendre lui était impossible, connaître les raisons qui avaient poussé Eva à ne pas agir lui semblaient nécessaires.

En outre, il lui était extrêmement difficile de dissimuler la satisfaction qu’elle ressentait à voir ainsi la jeune femme aux prises avec des sentiments de culpabilité, satisfaction qui n’avait rien de malsaine car elle signifiait beaucoup aux yeux de la demoiselle. Si tout sentiment quel qu’il fut, une fois porté à son paroxysme, destituait l’Homme de son précieux discernement ; que les émotions l’emportaient sur la raison et poussaient à agir de façon excessive, il arrivait parfois cependant que la fureur - à condition qu’elle ne se traduisît qu’à travers des propos mordants et non pas comme il se voyait habituellement par un conflit musclé, pouvait révéler les sentiments profonds d’un individu et finir de convaincre l’auditoire de sa sincérité. Ainsi, Alice aimait croire que cette agressivité témoignait de l’attachement qu’Eva lui prêtait et ne faisait qu’appuyer ses propos.

Il y eut une courte pause durant laquelle Evangelyne la défia littéralement d’ajouter quoi que ce soit ; et même si l’envie lui mordait d’irriter un peu plus la détenue, la jeune demoiselle n’en fit rien, parce qu’elle lui vouait toujours un immense respect qu’elle ne s’expliquait pas, parce qu’elle voulait entendre la suite et parce qu’il était tout à fait possible qu’elle voulût bien la croire finalement. Elle attendit donc simplement qu’elle reprenne son discours. Elle apprit ainsi qu’Eva ne l’avait pas comparée à Clark Yalin comme elle l’avait cru un peu plus tôt - et c’était toujours agréable de le savoir car pendant un moment, la brunette s’était sentie insultée, mais elle n’eut pas plus de précisions. Elle voulut encourager la détenue à s’expliquer, seulement celle-ci avait détourné le regard et observait maintenant avec une attention toute feinte la surface lisse et brillante de la table. Un nouveau silence s’installa entre elles, et il était cette fois-ci nettement plus pesant pour Alice qui ne pouvait se décider à le briser, non pas qu’elle n’eût rien à dire, mais plutôt qu’elle avait le sentiment qu’elle se devait de respecter cette quiétude provisoire ; et par pudeur, elle observa un mutisme solidaire. Elle fut sûre d’avoir agit comme il le fallait lorsque la jeune femme releva la tête pour lui concéder calmement qu’elle avait eu raison sur un point (au moins) : ce jour-là, elle avait bel et bien commis une erreur et qu’après réflexion, ce n’était pas son pardon qui lui importait, que… Elle n’eut pas le droit à la suite, si suite il avait été prévue, et Alice resta quelque peu sur sa fin. Alors quoi ? Qu’est-ce qu’il lui importait ? Ne le saurait-elle jamais ? La brunette pinça ses lèvres en seul signe d’exaspération et si elle ne souhaitait pas que son interlocutrice se sente contrainte d’aller au fond de ses pensées, elle attendit cependant quelques minutes, au cas où l’envie lui viendrait de finir sa phrase…


– Et je ne sais pas si un jour je pourrais vous pardonner, finit-elle par dire lorsqu’elle se fut résolue à l’idée qu’elle ne saurait jamais pourquoi Eva avait agi de la sorte, pourquoi elle voulait la protéger, mais j’estime qu’il est tout à votre honneur d’être venue vous expliquer, et j’imagine combien cela a été difficile pour vous qui… elle hésita un instant avant de reprendre en souriant faiblement, vous qui n’avez pas l’habitude de rendre des comptes, n’est-ce pas ? Dans tous les cas, j’apprécie vraiment ce que vous venez de faire.
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MessageSujet: Re: Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé]   Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé] EmptyLun 24 Déc - 19:29

[Pour le retard, on ne dira rien. Un mois, je suis dans la norme Razz Mieux vaut tard que jamais, en espérant qu'il te convienne au mieux. Bonnes Fêtes à toi ! Et merci de ta patience]


Par un passé savant et l’affront du temps, un homme grand de son esprit et de sa connaissance a avancé le fait que « Les regrets n’avaient de limites que la culpabilité infligée par soi-même ». Que les années sinon les décennies soient passées en indifférentes sur l’idée, il existe encore des personnes prêtes à croire qu’en tout précepte demeure un fond de vérité. Evangelyne faisait partie de ces « personnes » profondément capables d’avoir des convictions paradoxales, des dogmes déroutants et déconcertants, qui n’avaient d’explications que sa propre raison. Rare étaient les êtres humains en mesure de seulement soupçonner ce qui animait la jeune femme, mais encore plus rare étaient ceux qui pouvaient seulement l’entrevoir. Evidemment, elle avait toujours fait en sorte qu’il en soit ainsi : jamais personne ne devait avoir le droit ou ne devait commettre l’affront de savoir ce qui la constituait, l’habitait. Jamais. On pouvait dire ce que l’on voulait à son sujet, la juger, la condamner, l’estimer, l’apprécier si la stupidité ou la conscience le désiraient. Peu importait à cette femme que le temps, l’Homme et la société avaient stigmatisé pour toujours. Condamnée et damnée, Evangelyne était une femme fière, forte, et surtout résignée, inaccessible, intouchable, oui, mais seulement par les autres, car elle savait parfaitement superflu toute chose venant de l’extérieur. Le plus profond des maux, elle le connaissait, et les plus grandes douleurs sont bien celles que l’on s’inflige à soi-même.

Elle ne pouvait plus que voir la vérité et la réalité en face. Elle avait toujours su que ce jour viendrait. En réalité, la vérité était toujours restée là, ici, fichée dans son esprit, dans un coin reculé de son intellect complexe, terré, comme un démon se protégerait de toute découverte pour mieux ravager son âme. Une petite et cruelle vérité qui suffisait à toutes les faiblesses, à toutes les tentations, et à tous les vices dont étaient affligés les hommes depuis la nuit des temps. Evangelyne aurait été fort naïve de croire que tous les sens de la réalité s’étaient dissimulés à elle, et s’il existait quelque chose qui ne caractérisait pas Mademoiselle Mitra, c’était sans conteste la naïveté. Si une qualité pouvait faire ombrage à sa suffisance sinon à sa fierté démesurée, il s’agissait très certainement de sa faculté à reconnaître son tort. La culpabilité était de loin le sentiment qu’elle haïssait le plus car toute sa vie avait été bâtie dessus, et au travers. A chaque étape de sa vie, cette émotion profondément complexe et exiguë avait fait son malheur, ses torts et ses vices, pour le meilleur comme le pire. Et elle reconnaissait allégrement que du côté du pire, ses choix ne l’avaient pas égaré bien loin.

Apaisée. En quelques secondes, elle avait assailli ce feu sentimental qui lui déchirait violemment les entrailles, jusqu’à le faire céder avant elle. Evangelyne Mitra ne cédait pas aux sentiments, et ce n’était pas pour autant que ces sentiments lui céderaient non plus. Elle ne les vainquait jamais, elle les repoussait, les affaiblissait et les occultait, se donnant cette sensation rassurante d’être protégée de cette démentielle faiblesse qu’aucun être humain ne savait finalement combattre et vaincre comme il se le devait. Les émotions étaient ses pires ennemis, et qu’elle les combatte depuis toujours ne faisait pas d’elle quelqu’un de plus protégée, mais bien quelqu’un de plus vulnérable. Et oui, parce que si elle pouvait discerner les sentiments et les états d’esprit d’autrui la côtoyant et l’entourant, et qu’elle pouvait ainsi dissimuler les siens, rien n’empêchait ses émotions de parcourir vivement sa chair et son esprit, de battre ses veines, de l’assaillir et de la torturer. La seule différence que cela faisait en fin de compte, c’était la représentation que le monde environnant pouvait se faire d’elle.

Elle releva les yeux vers Alice. Silencieusement, son regard vide de toute considération se posa sur sa cadette, tandis que chaque partie de son corps se vidait de tout ce flot sentimental la déchirant depuis tant de temps. Evangelyne faisait plus que l’entendre, elle l’écoutait. Attentivement et patiemment, dans un mutisme consenti et résolu, n’ayant d’ailleurs probablement rien à répondre. Pour quoi faire ? A quoi bon ? Elle avait la sensation d’avoir déjà bien trop parler, car elle n’était guère loquace quand on y pensait, elle ne disait jamais que le strict nécessaire, et quand elle s’en allait en de longs discours, il s’agissait toujours d’une manœuvre dite « d’occupation », qui lui permettait la majeure partie du temps de débiter des propos parfaitement futiles en implicite pour observer les réactions de ses interlocuteurs. Oui mais Fox River n’était pas un commissariat, le self pénitencier n’était pas une salle d’interrogatoire, et Evangelyne n’avait réellement aucune envie de savoir ce qui faisait le fond d’Alice Davis. Plus que jamais, cette jeune femme l’indifférait totalement, et ce n’était pas spécialement par envie mais par nécessité qu’elle le percevait ainsi. Un rapprochement sentimental lui avait coûté sa sérénité, une désillusion lui avait coûté sa culpabilité, et dans son for intérieur et son fond de bonté et de bienveillance, Evangelyne n’avait aucune envie de faire payer à sa cadette le fruit de ses propres erreurs. Alice Davis n’était qu’une inconnue, et quelque chose soufflait à l’oreille de l’ex profiler qu’elle devait le rester. Pour le bien de l’une et de l’autre. Avant cela, elle lui concéda quelques mots :

- Vous me méconnaissez Mademoiselle Davis, sans doute même plus que je ne vous méconnais, répondit-elle avec neutralité. Je ne vous ai rendu aucun compte, parce que nous n’en avions pas, appuya-t-elle légèrement. Dans mon humble existence, je ne réponds pas de la vôtre.

Finalement, Evangelyne ne répondait d’aucune existence. Elle se leva, tout simplement. Ignorant encore si elle pourrait regretter un jour son geste, sa décision était néanmoins prise. La distance était la meilleure des solutions, pas pour elle-même, pas même pour Alice, seulement pour qu’une fois dans la vie du pénitencier de Fox River, celui-ci ne puisse décevoir l’une comme l’autre des deux jeunes femmes. La prison était une terre hostile, dangereuse et glissante, terre de traîtrise et de désespoir également, et dans son humble intellect, Evangelyne savait qu’Alice avait déjà répondu de bien trop de choses qui ne la concernaient pas, et que jamais plus elle ne devait être affligée d’un tel châtiment. Les routes d’Evangelyne Mitra et d’Alice Davis ne devaient sans doute plus jamais être amenées à se croiser.
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MessageSujet: Re: Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé]   Nothing affects my stony heart. Except her? [Alice][Terminé] EmptyJeu 3 Jan - 22:35


Forte de cette conclusion et sourde aux relents d’une rage effrénée qui coulait encore dans ses veines, Alice s’engageait résolument à ne pas interrompre son aimable et ô combien avenante interlocutrice. C’était toujours un plaisir de converser avec la grande Evangelyne Mitra, cette charmante demoiselle aux paroles d’or qui mettait un point d’honneur à s’exprimer avec une certaine délicatesse, même lorsqu’elle insinuait, avec toute la finesse et la subtilité que pareil discours inspirait, que la capacité crânienne de sa cadette était bien trop limitée pour pouvoir comprendre quoi que ce soit, et plus particulièrement pour pouvoir LA comprendre un tant soit peu. Quoique jouissant d’une prodigieuse facilité à la médisance, il était étonnant de voir qu’avec beaucoup d’esprit elle n’insultait jamais par des railleries ce vain bruit de paroles qu’on appelait ici conversations, mais préférait suggérer par d’ingénieux propos ou bien par quelques manières, son jugement dépréciatif. Chaque mot, chaque intonation de la voix, avait une signification qui lui était propre et écouter parler cette jeune femme était à la fois un grand honneur et une énigme à résoudre.

Un mutisme déroutant, une impassibilité déconcertante et une maîtrise de soi à toute épreuve, voilà ce qui faisait d’Evangelyne Mitra un être inquiétant. Murée dans un silence incommodant, avec son visage grave et ses yeux brillants, elle éveillait les curiosités comme elle attisait les peurs les plus profondes. On la pensait invincible, on la croyait tout puissante, mais si elle était pourtant bien vulnérable comme tout à chacun, le discernement lui apportait force et perspicacité. Silencieuse et associable, elle semblait aux premiers abords antipathique, voir déplaisante, et ceux qui trouvaient la force et le courage - à moins que ce ne soit la stupidité, pour dépasser ces apparences, se voyaient finalement confortés dans leurs premières impressions. Oui, Evangelyne n’était pas un faste de vertus et elle était encore moins un personnage que l’on pouvait qualifier de sympathique ou de chaleureux ; pourtant, aussi étrange et dépourvu de vraisemblance que cela put paraître, c’était pour ces mêmes raisons qu’Alice appréciait sa compagnie… enfin, du moment où sa vie n’était pas compromise. Eva était une jeune femme complexe, bien plus complexe qu’on ne pouvait se l’imaginer, et la lumière de son esprit n’avait d’égal que sa facilité à répliquer avec verdeur.

En parlant de verdeur, les propos de la demoiselle ne firent pas défaut à sa réputation devenue presque légendaire au sein du pénitencier. D’une voix qui se voulait neutre et dépourvue de tout ressentiment, elle lui répondit qu’Alice la méconnaissait, et celle-ci ne se risqua pas à la contredire étant donné qu'elle savait pertinemment qu’elle ignorait tout de la jeune femme, tout comme celle-ci ignorait tout d’elle. De plus, Eva lui expliqua qu’elle ne lui devait aucun compte et cela, pour la bonne et simple raison qu’elles n’en avaient pas. Et alors qu’Alice s’apprêtait à rétorquer, elle vit son interlocutrice se lever calmement, quitter la table et se diriger vers la sortie, arborant l'attitude fière et digne qu'on lui connaissait. Coupée dans son élan, Alice demeura d’abord interdite, la bouche légèrement entrouverte, sidérée qu’on puisse prendre congé de la sorte, alors que la conversation n’était pas terminée. Mais visiblement, elle l’était pour Mademoiselle Mitra… Tandis que celle-ci venait de disparaître derrière la porte à double battant du réfectoire, un sourire amusé étira les lèvres de l’Agent Davis qui se dit alors qu’elle n’aurait pu s’attendre à mieux en matière de sortie venant de l’ex profiler. Et quelle sortie ! Digne d'une pièce racinienne. Que cela ne tienne, elles se reverraient bien assez tôt ! Après tout, Eva ne pouvait pas aller bien loin…



Alors qu’elle recherchait une place où s’installer pour prendre son repas, enfin si on pouvait appeler ainsi la bouillie verdâtre qu’on lui avait servie, le regard de Candice fut attiré par une jeune détenue qui semblait avoir à peu de chose près le même âge qu’elle et qui, d'apparence, avait l’air plutôt enclin à la conversation. Ce fut certainement le sourire qui illuminait son visage qui décida Candice à se diriger vers sa table et à lui demander la permission de s’asseoir à ses côtés.



Fin du Topic



[Je dirais bien quelques mots pour clore le chapitre, mais je serais alors contrainte de vanter tes mérites, ce qui serait en total désaccord avec notre petit compromis d'hier soir. Et puis, j'imagine que tu n'en as pas vraiment besoin, je me trompe ? Non, bien sûr que non. ^^]
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