RPG Prison Break
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| Gagne au change ? A n'en pas douter [ Leandre ] | |
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Leandre Offenbach
Nombre de messages : 13 Age : 35 Age du Perso : 27 ans Crime : Detournement de fonds privés Travail : Analyste Financier Date d'inscription : 05/10/2007
# In My World # Influence/Respect: (3/10) Phrase du Moment: "L'enfer c'est les autres" Relations: Jared [+]
| Sujet: Re: Gagne au change ? A n'en pas douter [ Leandre ] Mar 9 Oct - 14:17 | |
| Ce matin là, Leandre rentrait juste des douches quand le gardien lui annonça qu’il changeait de colocataire. Leandre aimait à employer ce mot : colocataire, comme si les deux hommes partageaient le même appartement ou la même chambre de colo. C’est-ce vocabulaire extérieur à la prison qui rendait la vie de Leandre bien plus agréable. Si seulement les détenus savaient à quel point une poignée de mots peuvent changer le quotidien…Restaurant à la place de cantine, salle de bain au lieu de douches communes, jardin public au lieu de cours, et la vie devenait de suite plus radieuse. Leandre rentrait donc de la salle de bain, et c’est sans regret qu’il assista au déménagement de son précèdent compagnon de cellule, le genre de compagnon qui vous oblige à toujours garder un œil ouvert, le genre T-Bag. Le visage de Leandre s’assombrit à cette pensée, il ne savait pas qui allait bien pouvoir remplacer son co-détenu, il pouvait aussi bien être jeune, et vif d’esprit, que vicieux et grossier. Il pouvait très bien être T-Bag… Leandre tacha tant bien que mal de chasser cette idée de son esprit, il avait toujours eu un minimum de chance en prison, ça continuerait, il devait s’en convaincre :
*Et puis, si jamais ça tourne mal, il y aura toujours ta botte secrète mon grand.*
En effet, le mois passé Leandre avait rendu service à un gardien, celui-ci lui avait promis de l’aider si il rencontrait des problèmes c’etait un type reglo, Leandre savait qu’il tiendrait parole. Leandre se remémora leur conversation, il lui avait dit « Au moindre problème demande à voir Matthew O’Donnell. », Leandre saurait s’en souvenir si les choses tournaient mal avec le nouveau. Leandre se coiffa et contempla son reflet dans le miroir taché de rouille, il rit, se coiffer était un bien grand mot, ces cheveux était aussi en bataille qu’auparavant. Le jeune homme toucha la peau lisse de son visage, rasé, il ressemblait encore un peu à l’homme qu’il était encore il y a six mois. La prison était plus dure qu’il ne l’avait imaginé, mais c’etait le prix à payer pour s’être bien amusé. A chaque fois que Leandre croisait son image dans une surface réfléchissante il ne pouvait s’empêcher d’être fier le lui : il avait réussi Et même si il n’en était pas plus riche financièrement parlant, les sociétés allaient se l’arracher à sa sortie, un comble pour un détenu! Il avait même déjà eu des propositions. Malgré la dureté de la vie, Leandre était aux anges.
Leandre attrapa son livre sur le bureau, et grimpa sur son lit, de la haut, il voyait tout ce qui se passait dans le couloir, il verrait ainsi en grande primeur la tête de ce compagnon de cellule. Leandre ouvrit son livre, et posa son marque-page à côté de lui, il plongea dans Ni d’Ève, Ni d’Adam, le dernier roman de son auteur préféré, il se prit tant dans l’histoire qu’il n’entendit même pas le bruit des pas dans l’allée centrale. Il fallut le boucan des barreaux qui se ferment pour sortir le jeune homme de Rinri, Amélie et leur merveilleuse « étreinte fraternelle du samouraï ». Leandre observa la scène un brin hébété. Il sourit lorsque Jared glissa au gardien, qui n’était autre que Matthew O’Donnell : « C’est quand tu veux, où tu veux. » Leandre nota qu’il ne devait pas manquer d’humour, il n’y avait pas dans sa voix cette agressivité qui caractérisaient les mises en garde des autres détenus, on sentait qu’il voulait seulement, détendre l’atmosphère, se rendre la prison plus supportable peut-être, Leandre ne savait pas bien. Le jeune analyste se rendit compte que ses craintes s’étaient évanouies. Mu par un élan de sociabilité qui ne lui était pas familier, Leandre entama le dialogue :
« Salut matricule 6282, bienvenue dans la cellule N°89. » | |
| | | Leandre Offenbach
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| Sujet: Re: Gagne au change ? A n'en pas douter [ Leandre ] Mer 24 Oct - 15:15 | |
| Leandre ne savait pas pourquoi mais Jared lui avait tout de suite plu. Peut-être simplement parce qu'il semblait heureux. Leandre n'avait plus vu le bonheur pointait sur le visage d'un homme depuis son entrée à Fox River, il y a déjà six mois. Entre ces murs de pierres massives, même les gardiens n'avaient plus le coeur à rire. Durant quelques semaines, Leandre avait gardé sa tendance à sourire à tout bout de champs, mais il avait du se rendre à l'évidence, si il y avait une chose qu'un prisonnier ne supportait pas, plus encore qu'un autre prisonnier, c'était un prisonnier heureux. Dans toute cette violence, il n'y avait pas de place pour les petites joies de la vie : croiser quelqu'un qu'on aime, se blottir contre un radiateur en rentrant d'une promenade, chanter sous la douche ou sauter dans une flaque. Si tu voulais survivre, il fallait perdre le goût des choses simples, il fallait être malheureux, au risque de ne plus être. Alors le ton enjoué de Jared, son vocabulaire complice, et sa mine avenante, c'était comme se prendre le poids de son ancienne vie en plein visage. Leandre sourit. Et c'est en faisant mine de chercher au plus profond de sa mémoire qu'il lui répondit :
"Bah écoute, j'ai bien eu une petite amie, y'a quelques années, qui m'appelait Choupinet, mais je pense que Leandre, conviendra mieux à Fox River... Enchanté Jared."
Le jeune analyste avait vaguement entendu parler de lui, il ne savait plus très bien quand, ni à propos de quoi, mais pour un si jeune prisonnier, s'être déjà fait remarquer, c'était des ennuis en prévision pour Leandre. Tant pis. Il fallait bien que les choses sérieuses commencent. Leandre s'en voulait de ne pas se rappeler ce qu'avait bien pu faire Jared! Lui qui passait sa vie à observer la prison, plus qu'à la vivre d'ailleurs. Il se flattait de connaître plus de la moitié des détenus, ce qui comprenait nom, prénom, raison d'emprisonnement, temps passé à Fox River, et surtout faits marquants durant son incarcération. Là, rien. Même pas le nom de famille. Pitoyable. Il n'y avait que ça à dire.
*Laisse tomber, il finira bien par t'en parler de lui-même... Passe plutôt à la suite!*
En prison, Leandre avait pris l'habitude de se parler à lui même. Un peu comme si l'ancien Leandre partageait la vie du nouveau Leandre. Ou plutôt comme si une partie de lui n'avait pas changé. Et la suite, pour Leandre, c'était l'avalanche de questions. Une habitude qu'il avait perdu, mais qu'il n'avait pas oublié, et plus il regardait Jared, plus il trouvait que, décidément, il ne pouvait pas ne pas le soumettre à un interrogatoire. En général, soit les gens appréciaient, soit ils fuyaient. Le regard du jeune homme croisa les lourds barreaux de fer qui barraient la porte, et se dit que si Jared arrivait à fuir, il était franchement doué, cette pensée lui décrocha un sourire encore plus marqué. Bref, Leandre n'avait rien à perdre, il demanda à Jared "Je peux te poser quelques questions?" et sans attendre de réponse, il prit sa respiration et commença son énumération :
"La monnaie du Swaziland? Le sculpteur de "l'Homme qui marche"? Qui a dit "L'enfer c'est les autres"? Tu es marié? Peut-on dire que l'univers grandit? Tu parles quelles langues? Quelle est la dérivée de lnX? Marilyn Monroe est née en 1926 ou en 1932? Ta citation préférée de Woody Allen? Qui a écrit "La Dame aux Camélias"? C'est ton premier séjour en prison?"
Leandre s'arrêta. Il était plutôt satisfait, il n'avait pas perdu la main. Désormais, il n'avait plus qu'à attendre la réaction de Jared... | |
| | | Leandre Offenbach
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| Sujet: Re: Gagne au change ? A n'en pas douter [ Leandre ] Mer 24 Oct - 23:09 | |
| En guise de réponse, Leandre se tourna sur le dos, et regarda le plafond pendant une, ou deux minutes. Il aimait prendre son temps. Et puis, il avait deux années soit environ 17 520 heures à tuer ou quelques 1 051 200 secondes... Alors autant le faire en regardant le plafond. Le plafond était l'incarnation de l'apaisement pour Leandre. Le plafond, c'était une rivière qui serpente entre les collines, un accordéoniste dans le métro, un sourire d'enfant. C'était des vacances au bord de la mer, une bande d'amis, un ciel étoilé. C'était une crème brûlée, une ville la nuit, un baiser volé. Le plafond c'était le cinéma du jeune homme, c'était son oeil sur l'extérieur, c'était ses rêves, ses joies, c'était son miroir magique, c'était son plus fidèle ami. Ce que Leandre voyait dans son plafond magique à l'heure actuelle, c'était ses trente glorieuses personnelles : quelqu'un à qui parler. Parler dans le sens d'une discussion constructive, enfin, tout dépend de ce que l'on appelle constructif, pour Leandre, la seule caractéristique d'une discussion constructive c'était de sortir de l'ordinaire. Évidement que Leandre avait eu l'occasion de parler avec d'autres détenus, mais parler dans le sens longues suites de mots insipides cette fois. Mais Leandre n'avait tué personne, il n'intéressait pas les meurtriers multirécidivistes, ou les violeurs, il n'était même pas considéré comme un voleur, aux yeux de ses camarades d'infortune, il était blanc comme neige... Blanc comme neige, mais riche comme Crésus. "Ivan... Comme les plus grands Tzars de Russie. Selon la légende, Ivan le terrible aurait fait crever les yeux, et arracher la langue à l'architecte de Basile le Bienheureux pour qu'il ne puisse pas reproduire ailleurs un tel chef d'oeuvre... Tu veux que je te dise? A sa place j'aurais fait la même chose." Les yeux de Leandre ce refixerent sur le plafond, et cette fois c'est la majestueuse cathédrale moscovite qu'il y vit, ses milles reflets colorés, et la neige, la neige que l'on aurait dit soupoudrée comme du sucre glace sur ses bulbes. Leandre se reconcentra sur ce que disait Jared, avant de se retrouver à faire du patin à glace sur la rivière gelée, en incorrigible rêveur qu'il était, il devait mater son esprit, l'empêcher de vagabonder à l'autre bout de la terre : il était en Amérique, et pour une fois avait un interlocuteur digne de ce nom! Pourquoi aller chercher du réconfort à 5 000 km de là, alors que le réconfort avait frappé à sa porte? Ou plutôt franchit les grilles de sa cellule? "Enfermer pour meurtre, j'aurais pas cru... J'avais fait le pari avec mon deuxième moi, que tu étais là pour escroquerie. Je suis certain que tu dois être un bon baratineur, si tu me permets l'expression. Je crois que pour mon prochain séjour en prison je choisirais le meurtre aussi, ça apporte bien plus de reconnaissance, j'ai l'impression d'être un enfant de coeur dans les enfers ici. En fait, je me verrais bien gourou d'une secte, obligeant mes fidèles sujets à se suicider collectivement. Tu crois que je peux prendre combien pour ça? C'est quand même pas très respectable comme crime. Que penses-tu de séquestration avec préméditation? Suivant le motif, ça force le respect non? J'ai été depucelé par une amie de ma tante pour mon dix septième anniversaire..." Si les anges n'étaient pas qu'une invention de la mythologie chrétienne, Leandre se serait vu pousser des ailes. Tel l'oncle Picsou, il nageait, non pas dans une piscine d'or, mais de bonheur intense. C'était comme une renaissance. Bon, il exagérait peut-être un peu les choses, mais quand même! Il avait devant lui l'exemple type de l'illuminé, et Leandre en était lui, la définition. A eux deux, ils formaient une belle démonstration mathématique, dommage que Jared n'aime pas les maths. Ce garçon n'avait qu'un grave défaut : "Au fait, pour moi l'Homme qui Marche est et restera pour toujours l'oeuvre de Giacometti, je n'aime pas les imitateurs..." | |
| | | Leandre Offenbach
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| Sujet: Re: Gagne au change ? A n'en pas douter [ Leandre ] Mer 7 Nov - 16:20 | |
| Leandre s'était redressé, il était maintenant assis en tailleur sur son lit, les pieds collés l'un à l'autre, le dos bien droit contre le mur. Le genre de position soignée que l'on ne prend que dans les grandes occasions verbalistiques. Et Jared assurait plutôt bien le spectacle. Il faut bien avouer que quelqu'un du même avis que vous cultive votre ego, mais rien ne vaut d'avoir en face de soit un jouteur, un homme en désaccord convenu avec vos convictions. Le débat gagne de suite en intérêt :
"Crois en le financier que je suis, rien, absolument rien ne résiste à l'argent! Et même un artiste du talent de Iakovlev, aurait cédé, d'autant plus qu'il n'a pas du avoir beaucoup de reconnaissance, Ivan le terrible n'est pas vraiment connu pour sa bonté, envers ses alliers autant qu'envers ses ennemis. Ivan est un tsar dont l'histoire est passionnante, le parfait exemple que l'on reproduit ce que l'on a subi. On dirait le plaidoyer que j'ai fait au juge, le même exemple, la même phrase me semble-t-il : Mr le juge, mes parents sont joueurs, je suis joueur, c'est dans l'ordre des choses, comme Ivan le Terrible, je ne fais que reproduire ce que j'ai vécu.... Mais je crois que mes théories n'ont pas eu l 'impact escompté, si on jette un oeil sur la durée de ma peine... Tu en penses quoi toi? "
Mais déjà la conversation changeait de cap, Leandre ne devait s'en prendre qu'à lui, c'est lui qui avait lancé le système. Parler de ce que l'on veut quand on le veut. Passer d'un sujet à un autre au gré de ses envies. Pourquoi attendre quand l'idée germe d'elle-même au milieu d'une conversation? Non, Leandre était galant, il n'aimait pas faire attendre ses idées. On ne laisse pas de si jolies demoiselles sur la touche sous prétexte que ce n'est pas correct. Ainsi Jared regrettait. Parce qu'il ne pouvait plus effacer ce qu'il avait fait? Du remord? Ou simplement parce qu'il était enfermé à Fox River? Du regret? Leandre lui, n'avait ni remord, ni regret, mais comme le dit si bien l'expression dans son histoire à lui : il n'y a pas eu mort d'homme. Il pouvait jurer sur Dieu seul sait qui ou quoi, qu'aucun être vivant n'avait perdu la vie dans cette affaire, ni mouche, ni homme, ni chien. Et si l'argent n'a pas d'odeur, il n'a pas plus de coeur. Et regretter? Pour quoi faire? Il était jeune, il avait vécu une expérience unique, le genre d'expériences qui remplissent votre quota d'émotions fortes pour plusieurs existences humaines. Alors deux ans de prison, ce n'était pas cher payé :
"Moi, je trouve mon motif valable. La vie est un jeu. J'ai joué. J'en accepte aussi les règles. Et puis, à la fac, j'ai passé cinq ans dans une chambre universitaire plus petite que cette cellule, je ne suis pas trop dépaysé. Sauf que les manuels scolaires ont été remplacés par les bouquins en ruine de la bibliothèque de la prison. Je préférerais être dehors, certes, mais le jeu en valait la chandelle comme le veut l'expression populaire."
Leandre préférait en rester là, on ne pouvait pas comparer leurs deux histoires à proprement parler. La seule chose que Leandre avait sur la conscience c'était le renvoi de la secrétaire, en même temps que la faillite de la boite, mais les parents du jeune homme avaient déjà fait le nécessaire pour lui trouver un nouvel emploi, et lui avaient transmis l'enveloppe de leur fils, elle n'avait pas perdu au change. Jared entamait maintenant les questions d'ordre privé. Leandre était encore plus extensif quand il s'agissait de parler de lui. Non, Leandre n'avait plus de petites amies depuis longtemps, il avait la vie sentimentale des élèves brillants, qui à peine sortis du gouffre des études se lancent dans une carrière qui ne leur laisse pas plus le temps de conter fleurettes aux jolies filles. Il avait bien eu quelques relations aux lycées, puis à la fac, mais aucune fille ne voulait d’un garçon, aussi séduisant soit-il, qui leur préfère les comptes de la Nation. Qui passe ses nuits et ses dimanches les yeux rivés sur son ordinateur, et qui oublie les anniversaires, la Saint-Valentin, et toutes ces choses que ne pardonnent pas la gente féminine. :
« Non, depuis Miss Choupinet, plus rien. Ma vie amoureuse est un désert pus aride que le Sahara, si c’est possible. Quand à ton éducation sexuelle, les autres détenus s’en chargeront pour moi, ne t’en fais pas... » | |
| | | Leandre Offenbach
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| Sujet: Re: Gagne au change ? A n'en pas douter [ Leandre ] Mer 28 Nov - 19:26 | |
| Un sourire triste éclaira un instant le visage de Leandre... Un autre genre de professeur... Il voyait plutôt bien ce que Jared voulait dire. Chacun, chacune d'entre nous, a un jour eu cette expérience, l'expérience, la seule, la vraie, l'unique... Pour Léandre, elle s'appelait Europe, elle avait son âge, elle était belle, elle était jeune, vive et brillante. Léandre n'avait d'yeux que pour elle. Il aurait passé des heures à la dévorer du regard. Pourquoi donc ne ressentait-il cette soudaine nostalgie que maintenant? Pourquoi le choupinet de tout à l'heure n'avait-il pas ravivé cette douleur? Certainement, le ton enjoué mais profond de Jared avait-il déclenché cet instant d'émotion. Savait-il même de quoi il parlait? Et Léandre se mit à pleurer.
A pleurer Europe. A pleurer leurs fous rire. A pleurer leurs nuits d'amour. A pleurer leurs osmose. A pleurer leurs conflits. A pleurer à chaudes larmes. A pleurer le plus sincèrement du monde. A pleurer. Juste, pleurer. Des pleurs libérateurs. Des pleurs d'amour. Des pleurs, des larmes, des années d'une vie qui avait pris un si beau tournant... A pleurer... Pleurer... Pleurer...
Le jeune homme enfouit sa tête sous son oreiller. Il ne s’en voulait pas de montrer ainsi sa faiblesse à lui. Non, il s’en voulait de ne pleurer sa faiblesse que maintenant. Voilà combien de temps qu’elle était partie? Une heure, un moi, un an... Il ne savait même plus. Longtemps, trop longtemps. Et lui, il ne prenait conscience de cela qu’aujourd’hui. Quel idiot, quel sombre idiot! Comment peut-on oublier la seule personne qui ne vous ai jamais compris? Celle qui aurait trouvé horriblement amusant d’avoir jouer le jeu au point d’en finir en prison. Celle qui aurait surenchéri. Celle qui serait venu le voir au parloir en lui racontant des tas de choses sans importance, elle avait un don pour ça :
« Au supermarché, les tomates ont augmenté d’au moins douze pour cent. Mde Lawrence a perdu son chat, tu sais, le roux avec les pattes blanches? Oh et tu te souviens de Lyzzie? Elle a travaillé pour moi en mai dernier. Et bien, elle est enceinte des jumeaux! Tu te rends compte! Dis, c’est quand que tu me fais un bébé... »
Les larmes de Leandre redoublèrent d’intensité. Un bébé... Si seulement, elle lui avait laissé le temps. Il ne serait pas en train de parler avec un parfait inconnu de sa première fois, non, il serait au volant d’un monospace, en train d’entonner une comptine, à reprendre le petit dernier : « Leandre Junior, il fallait y penser avant ». Oui, il aurait fallu y penser avant... Leandre s'adossa au mur froid de la cellule, et s'essuya les yeux du revers de la manche. Il aurait aimé dire à Jared qu'il avait raison, qu'il devrait déjà être dans ses bras et ne jamais la laisser partir. Mais ce genre de niaiseries passe-partout ne ressemblaient pas à Leandre. Non, il préférait garder cela pour lui. Le jeune homme parlait beaucoup de tout, de rien, jamais de ses sentiments, trop personnels, trop ridicules... Toutes ses choses qui le torturaient pourtant n'étaient pas assez brillantes, pas assez conforme à l'image qu'il donnait, ou plutôt à l'image qu'il voulait donner de lui. Oui, Leandre Offenbach était bel et bien un homme comme les autres.
Les deux hommes étaient silencieux depuis plusieurs minutes déjà. Leandre n’osait pas rompre le silence. Parfois, le silence a des vertus réconfortantes, il vous met au pied du mur, il vous laisse seul avec vous même. Leandre se demandait à quoi pouvait bien penser son compagnon de cellule. A une femme? Il n’en doutait pas... Mais :
« ...a quelle femme? » | |
| | | Leandre Offenbach
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| Sujet: Re: Gagne au change ? A n'en pas douter [ Leandre ] Jeu 29 Nov - 23:46 | |
| Leandre fixa Jared pendant de longues secondes après qu'il eut fini de parler. Ses yeux étaient secs à présent mais ils gardaient ces cils collés, caractéristiques que les larmes laissaient sur leur chemin, ce qui ne rendait son regard que plus fort, et profond. Leandre avait écouté avec attention, et il devait s'avouer une chose : il ne voyait absolument pas où Jared voulait en venir. Ce silence n'était donc pas de connivence, non, c'était un silence d'incompréhension. Oui, pour une fois, le cultivé et ouvert Léandre Offenbach devait se rendre à l'évidence, il ne pipait mot. Le sentiment qu'essayait de lui décrire Jared était inconnu à son petit coeur. La folie de ses passions n'ayant rien de sadomasochiste, il s'était limité à un amour plutôt tranquille. Aimer quelqu'un de différent ne lui était pas venu à l'idée. Évidement, cela n'a rien à voir avec la différence culturelle ou physique.
"Je n'ai rien compris."
Leandre aimait être très sobre dans ses paroles dès lors que l'on abordait le sujet de son ignorance dans un domaine particulier. Léandre était un être singulier, mais il venait de rencontrer si ce n'est plus, au moins autant singulier que lui. Et la moitié des femmes de la planète devaient être aux antipodes de la personnalité du personnage original qu'il avait en face de lui. D'ailleurs, il nota que Jared serait un excellent sujet d'étude. Il aurait bien pris son calepin pour prendre en note certaines informations mais il craignait de paraître impoli. Il remit donc la rédaction du rapport "Jared Stolarski" à plus tard.
"En fait, rien n'est pas vraiment le mot approprié. j'ai compris la passion, voir même au risque de paraître désuet, l'amour, puisqu'il faut le noter..." Leandre marqua une pause, mais il était trop tard pour reculer, il se jeta à l'eau, il n'avait jamais parlé d'Europe à quiconque, lui avait même-t-il dit combien il était fou d'elle?"J'ai connu une femme dont la seule présence me fascinait. Une femme qui a rempli mes rêves... Une femme qui les remplit toujours d'ailleurs. Une femme qui me comprenait si bien que je n'en avais plus besoin de parler. Une femme qui m'offrait un calendrier de l'avant plutôt qu'une horrible cravate. Une femme qui préférait passer ses dimanches à manger des glaces en riant plutôt que de se rendre dans des dîners ennuyeux à mourir. Une femme qui ne m'appelait pas Mon Chéri, mais Choupinet. Une femme qui me réveillait le matin en chantant une belle chanson entraînante plutôt qu'en me susurrant des mots d'amour..."
Les murs de la cellule s'effacèrent pour laisser place à une jolie chambre moderne avec un lit-futon japonais, et une jolie jeune femme qui semblait chanter en mimant de jouer de la guitare. En débardeur et en shorty, elle sautillait sur le lit sous le regard d'un Leandre plus jeune de quelques années. Il se souvenait, oui, il se souvenait de cette chanson qu'elle lui chantait toujours et qui ne convenait merveilleusement pas à leur situation, Jared, lui et les autres prisonniers. Leandre commença par taper dans ses mains, presque silencieusement. Puis, ses lèvres remuèrent, jusqu'à ce qu'un mince filet en sortit, et de plus en plus fort, il entonna Mister Blue Sky :
"Sun is shinin' in the sky, there ain't a cloud in sight. It's stopped rainin' everybody's in a play and don't you know. It's a beautiful new day hey,hey..." | |
| | | Leandre Offenbach
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| Sujet: Re: Gagne au change ? A n'en pas douter [ Leandre ] Mer 2 Jan - 0:39 | |
| Leandre n'aimait pas se laisser aller à ce genre de niaiseries en public. En général les moments de mélancolie étaient classés secret défense, et il ne se réservait ce genre de frasque que pour des jours bien précis. Aujourd'hui n'en était pas un. Finalement, Jared lui remit les pieds sur terre. Il était en prison, ses histoires d'amour faisaient tâche dans le paysage. Il se ressaisit. Avait-il vraiment le choix? Jared ne comprenait rien. Leandre finit même par se demander si il était réellement borné ou si il manquait seulement d'expérience. Ce garçon ne savait rien de Leandre. Le contrairement aurait d'ailleurs paru suspect. Les deux hommes ne se connaissaient que depuis quelques heures. Certainement, le sentiment qu'il s'était déjà noué entre eux des liens d'amitié avait induit Leandre en erreur. Jared ne savait pas. A 27 ans, Leandre avait eu une vie bien pleine, et peu singulière. Il avait terminé ses études en avance, il était ce que les gens appellent familièrement une "tête". Et porté par des sentiments nobles et humains, il avait voulu mettre à contribution son tout jeune diplôme d'analyste financier... A quoi bon se retracer l'histoire, son histoire. Il la connaissait déjà par coeur. Mu par un besoin de parler, il se mit à raconter sa vie à Jared. Lui qui ne parlait que peut de sa vie personnelle. Préférant exposer ses goûts et ses sentiments. Il déballa tout au jeune prisonnier, sans broder, sans chercher à mettre en scène. des faits, juste des faits. Peut-être que Jared finirait par comprendre...
"Je suis analyste financier." Leandre marqua une pause, il doutait. Comment tourner les évènements? "J'ai eu mon diplôme à 22 ans. Je ne sais pourquoi, j'ai voulu mettre à contribution mes deux années d'avance. Avec l'accord de mes parents, je me suis engagé dans une mission humanitaire, pour le Swaziland. Je n'étais pas le seul jeune diplômé du voyage. Une jeune, et charmante, biologiste avait-elle aussi choisi de partir à l'aventure. C'est avant tout ce que nous recherchions, à 22 ans, nous ne cachions pas la vérité. Certes, nous voulions aider le peuple africain, mais surtout, nous voulions frissonner, vivre des expériences nouvelles. Nous avons été gâté. En plus des sensations fortes, nous avons appris l'amour, celui que je fuyais depuis longtemps, pas assez bien pour moi, j'avais voulu m'en convaincre. Europe, puisque c'était son prénom, m'a fait changer d'avis. Enfin, je m'égards. Il y a eu une prise d'otage au camp, un jour où j'aidais à mettre en place un réseau informatique au siège d'une entreprise locale. Europe faisait partie de ces gens qui ont été enlevés. Je ne sais pas ce qu'elle est devenue. Je l'ai cherché comme un fou. Rien. je suis rentré en Amérique, meurtri et j'ai adopté la philosophie que je suis toujours depuis : la vie est un jeu. Si elle peut basculer si vite, c'est qu'elle ne sert qu'à s'amuser un maximum. Voilà, tu sais maintenant pourquoi je suis en prison. Je suis un invétéré joueur de la vie. Quoi que tu puisses penser je ne suis pas fier d'être en prison, et je ne cesse un seul instant de penser à elle. Ce n'est pas de la torture, seulement un besoin vital de ne jamais être seul. Tant que j'y suis, maintenant que je t'ai dit tant de chose, pardonne d'ailleurs la longueur de mon monologue, je te promets que tu n'auras à le subir qu'une fois. Je disais donc, tant que j'y suis autant te raconter qu'est ce qui m'a fait passer par la case prison. J'ai parié avec mon père que j'arriverais à détourner la totalité des bénéfices de l'entreprise dans laquelle je travaillais. J'ai réussi."
Leandre se tut. Il avait beaucoup parler, mais il espérait avoir répondu aux interrogations de Jared. Il faut toujours connaître l'histoire d'un homme avait d'essayer de le comprendre ou le juger. Leandre n'avait pas eu une vie banal, et il jurerait que Jared non plus. Si le garçon voulait garder le silence, c'était son droit. Seulement, Leandre finirait bien par découvrir les secrets qu'il cache. Ils avaient le temps. Leandre jeta un coup d'oeil au calendrier. il leur restait exactement deux ans, 321 jours et quelques heures à passer ensemble. Ça ne s'annonçait pas triste! Quoi que Jared n'était pas foncièrement communicatif. Il se contentait d'objecter Leandre qui avait parfois l'impression d'être un grand père gâteux avec qui ses petits enfants font la conversation par obligation. Pour l'heure, le jeune homme s'en moquait, quelqu'un l'écoutait, il n'en demandait pas plus. Tout ce temps passé à ruminer en prison lui avait donné à réfléchir. Il n'avait que très rarement fait preuve de faiblesse. Mais aujourd'hui, il ressentait le besoin de se confier. Jared était à la fois Europe, un ami et son psy. Que de poids pour un seul homme... | |
| | | Leandre Offenbach
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| Sujet: Re: Gagne au change ? A n'en pas douter [ Leandre ] Lun 7 Jan - 12:48 | |
| A quoi Leandre s'était-il attendu en racontant tout cela à Jared? De la compréhension? Dieu qu'il avait était naïf. Personne ne comprenait... Personne, car l'on avait tous des moyens différents de s'évader, d'essayer de s'extraire d'un passé devenu trop lourd à porter. Leandre jouait. Et ce n'était pas par insouciance. Si il avait du jouer sa vie, il l'aurait fait. Après tout, quelle importance? Dire qu'il n'avait plus rien à perdre serait une abomination. Ses parents, son métier... Son métier, tss quelle futilité! Après tout, chacun à une idée différente de l'importance. Le métier de Leandre, son ordinateur, et les quatre murs de sa chambre, c'était ça la vie pour Léandre. Oui, il avait quelque chose à perdre. Et pourtant... Le jeune homme n'était pas accablé par le chagrin, il ressentait les choses à distance. Mettant toujours des kilomètres entre sa peine et son coeur. L'image d'Europe passant à chaque instant devant ses yeux, c'était du bonheur... Que du bonheur. L'horreur de sa disparition, les recherches infructueuses, le temps qui passe, qui amenuise les chances, toutes ces choses là étaient oubliées, remisées dans un coin inusité de son cerveau. Je disais donc que Leandre aurait joué avec sa vie, car comme un amateur de casino jouant sa maison, sa voiture, il était prêt à aller jusqu'où bout, c'était un prix du jeu dont il était conscient. Et puis jouer, c'était profiter des plaisirs enfantins, des instants volés, du grand frisson. Jouer, ça voulait vivre sa vie à 100%, ça voulait dire "Carpe Diem"... Rire, encore et toujours, rire de tout et tout le temps, rire de tout avec tout le monde. Rire car : "L'humour à l'inverse de l'ironie, est une manifestation de la générosité : sourire de ce qu'on aime c'est l'aimer deux fois plus. Tiens, encore une philosophie de ma vie! Décidément, il va falloir que je me décide. Tu vas finir par me trouver éparpillé, voir brouillon." Leandre en avait assez de ce moment de nostalgie, mêlé de sentimentalisme de série B. Il avait envie de s'amuser un peu. Mais Jared appuyé contre les grilles de la cellule de avait l'air plus accablé que jamais. Leandre aurait aimé être dans sa tête à ce moment. Ils avaient le même âge, et pourtant, ils étaient si dissemblables. Sur l'échelle de la vie, Jared aurait été le vieil homme qui a tout vécu, et Leandre le jeune enfant, insouciant. Celui qui ne se rend peut-être pas bien compte que le temps lui ait compté, du haut de ses quelques années, la vie lui apparaît comme un voyage sans fin. Jared, lui, avait l'air d'en voir déjà la fin... "Évidemment que le monde me suffit ainsi... Il ne peut pas changer pour moi, Leandre Offenbach junior, enfermé dans ma cellule de 9m² à faire des confidences à mon nouveau compagnon de galère. Le monde continue sa route quoi qu'il arrive. Alors autant s'y adapter. J'ai appris à vivre avec les règles qu'il dicte. Tu devrais en faire autant. Tu sais, Alexandra David-Neel disait il faut être très fort, ou très stupide, ou complètement usé pour être un indifférent, et moi, je crois sincèrement que tu n'es ni l'un, ni l'autre Jared. Maintenant, si tu me disais ce qui t'amène ici?" Comme si Fox River était le dernier bar à cigares à la mode... Pourquoi pas?
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