RPG Prison Break
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 Car le passé est un mot, et que le souvenir en est le sens

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Evangelyne Mitra

Evangelyne Mitra


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MessageSujet: Car le passé est un mot, et que le souvenir en est le sens   Car le passé est un mot, et que le souvenir en est le sens EmptySam 12 Jan - 17:31

La promenade. Un seul terme étant en mesure de décrire un des plus grands instants d’allégresse d’une population carcérale assoiffée de liberté. Il ne fallait qu’un seul mot pour que tout devienne possible, que les murs et les barreaux ne deviennent plus qu’une part d’illusions et qu’il ne reste finalement que le rêve et l’espoir, ainsi qu’une envie douce mais fébrile d’évasion, telle une soif qu’on ne saurait jamais en mesure d’étancher, comme un désir que l’on ne pourrait assouvir, comme un parfum que l’on ne saurait humer. Aucun sens n’était capable de décrire ce que seul l’esprit percevait. Aucun regard ne pouvait aller par delà cet espoir, aucun son ne pouvait égaler l’illusion, aucun contact ne pouvait être autant agréable, et cette sensation n’avait pas ni goût ni odeur. Ce n’était rien de matériel, ce n’était que pure imagination. Et pourtant, chacun y trouvait un air, un parfum, un son, un contact et un goût de petit et fictif paradis.

Lorsque se déroulait le film d’un long couloir tout aussi gris que les cellules qui les contenaient, les prisonniers arboraient pourtant bien souvent un état d’esprit nettement plus léger, et encore plus souvent un esprit défait de tout sens se rapportant à l’accablement ou tout simplement à quelque forme de tristesse ou de désespoir. Comme si un long fil d’or pouvait les conduire à travers les néants que renfermaient le pénitencier, de manière à atteindre ce que l’on voyait souvent comme une caresse de la liberté, une promesse à l’évasion, une sensation intense qui ne semblait jamais n’être qu’un souvenir, ou qui n’était finalement que les restes d’un rêve brisé par la désillusion du chemin inverse. Et pourtant, chaque fois, à chaque réitération, tous repartaient dans cette douce euphorie que personne ne savait expliquer mais dont tous préféraient jouir. Si tous les détenus n’osaient se l’admettre, une brève présence en la cour de la prison était un remède à bien des maux. Mais seulement aux maux de l’esprit.

En ce couloir, au milieu de cette masse compacte, divaguant en leurs rêves ébréchés et se complaisant pourtant à les réitérer, se trouvait une femme, pas plus forte ou plus fière, pas plus intelligente ou plus raisonnable, pas plus sotte ou plus impulsive qu’une autre, mais une femme pour qui aucun rêve ne semblait en mesure d’émerger, pour qui aucun espoir ne semblait possible, pour qui aucune désillusion ne semblait pourtant interdite. Tel un être meurtri par l’affront du temps, de la société et de sa conscience, Evangelyne Mitra n’était qu’une ombre parmi le néant, une ombre pourtant que tous considéraient à leur manière. Car cette masse sombre, occultant toute vérité ou usurpée par la vraisemblance, n’était autre que ce qu’aucun d’entre eux ne voulaient reconnaître. Probablement, même, qu’ils faisaient bien de ne jamais l’oser.

Ainsi dit, Evangelyne semblait cependant peu encline à rejoindre cet espace d’ouverture sur le monde. Toujours aussi imperturbable, ce n’était plus de sérénité dont il fallait parler mais d’une totale immobilité. Le seul mouvement de sa cage thoracique daignant encore se soulever pour signifier sa présente respiration semblait être le détail en mesure de la jurer vivante. Fixe, assise sur ce banc qui avait, par le passé, signifié tant en son esprit, elle n’avait plus qu’une totale impassibilité pour seule compagnie. Son visage n’était pas plus pâle que d’habitude, car le pénitencier avait fini par l’éreinter de manière irréversible, mais sa posture finale et totale restait fidèle à ce qu’elle avait toujours montré. Fière et forte de son allure, ces deux prétentions étaient apposées à une image pourtant sobre, mais tel était le fruit ainsi produit. Son regard n’exprimait que l’absence de toute émotion, vide de toute expression et presque vide, d’ailleurs, de toute vie.

Si seulement les regards méprisants et aveugles qu’elle croisait encore pouvaient voir au-delà de toute vraisemblance, si seulement ces regards-là pouvaient un seul instant poser les yeux sur la vérité. Douce chimère, nouveau rêve ébréché, désillusion parfaite, mais terrible satisfaction.

Ce qui faisait la façade d’une femme n’en faisait pas le fond. Là où l’indifférence se jouait de toutes les douleurs, les meurtrissures d’une vie restaient ouvertes au vent et à ses violences. Là où la paix se jouait de toutes les colères, la haine vengeresse proclamait son heure venue. Là où le pardon se jouait de toutes les offenses, la rancune courroucée d’une existence préparait son aboutissement. Pauvres fous. Incapables de pressentir ce qu’était la tempête, incapables d’ouvrir les yeux sur ce que faisait le monde, et pourtant, que l’Histoire en témoigne, nul courroux, nulle vengeance, nulle douleur imposée à quiconque ne valait ce que pouvait en faire une femme. Ce n’était pas une sensation qu’on exprimait, ce n’était même pas une sensation que l’on comprenait ou concevait, il n’y avait pas non plus de mot pour la définir. C’en était seulement une que l’on ressentait sans savoir comment, une que l’on percevait sans savoir pourquoi, et une qu’on abandonnait sans savoir … Tout simplement. A moins que ce ne fut elle qui n’abandonna.

Tel était le brasier indescriptible qui consumait et avait toujours consumé Evangelyne Mitra. Elle ne l’admettrait jamais, pas même à demi mots, et pour autant que la conscience et le bon sens d’un Homme puissent seulement l’entendre, ils ne l’écouteraient. Finalement, il ne s’agissait pas de vingt sept années de concessions, de vraisemblances, de pardons ou d’abnégations, il s’agissait de vingt sept années de vie, de mort et d’attente. Résignée aurait été le terme le plus approprié mais le plus simple. Morte aurait été le terme le plus dépréciatif mais le plus juste. Encore une fois, les maux d’esprit n’étaient pas les mots physiques, et si l’âme était meurtrie, le corps lui ne saurait l’être. Ne vivant que dans l’apparence faite au monde, on ne vivait jamais pour soi, on vivait toujours pour les autres.


Dernière édition par Evangelyne Mitra le Mer 2 Juil - 3:22, édité 1 fois
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Alice Davis
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MessageSujet: Re: Car le passé est un mot, et que le souvenir en est le sens   Car le passé est un mot, et que le souvenir en est le sens EmptyMer 30 Jan - 18:38



C’était une matinée d’avril froide et claire. Le gravier crissait sous les chaussures de la jeune fille tandis qu’elle traversait la cour dans le petit matin pâle de Fox River, sous l’œil suspicieux des quelques autres détenus. Plongé dans la lumière gris acier de l’aube sans soleil, le pénitencier s’éveillait doucement et tout semblait paisible autour d’elle. Néanmoins, dès qu’elle passait à proximité d’un groupe de prisonniers, elle percevait l’amer ressentiment qui retenait chacun d’eux entre ses griffes venimeuses. Cette accalmie était éphémère et bientôt viendrait la tempête, inéluctablement.

Le menton rentré dans le cou, elle s’efforçait d’éviter le vent mauvais qui soufflait et la glaçait jusqu’aux os. Silhouette pâle parcourant la cour d’un pas pressé tel un brouillard opaque se mouvant en silence, la demoiselle contournait les groupes, longeait les grilles et évitait de croiser le regard des individus qu’elle croisait. Sans ralentir, elle jeta un rapide coup d’œil à sa montre et pressa le pas. Lorsqu’elle arriva enfin à proximité des installations de téléphonie, elle s’assura qu’il n’y avait personne alentours qui pourrait surprendre sa conversation, plus par acquit de conscience que par inquiétude. Quelques détenus conversaient un peu plus loin mais aucun ne paraissait s’intéresser à elle, et elle en était fort aise. Alice Davis s’adossa à une des cabines et s’enquit une nouvelle fois de l’heure qui l’était. Elle soupira. Cette journée s’annonçait des plus ordinaires, si on exceptait, bien sûr, l’appel qu’elle devait recevoir d’un instant à l’autre.

Plus de trois semaines s’étaient écoulées depuis son arrivée à Fox River, les trois plus longues semaines de sa vie. Lorsqu’elle contemplait le pénitencier dans son ensemble, celui qui avait accueilli les tueurs en série les plus meurtriers de toute l’Histoire des Etats-Unis, ce même bâtiment dans lequel elle logeait désormais et cela encore pour les prochains mois avenirs, voir d’avantage, elle ne pouvait réprimer un léger pincement au cœur à l’idée qu’à cet instant, elle aurait pu se trouver chez elle, dans son petit appartement, encore emmitouflée dans ses couvertures en cette heure matinale. Ce n’était pas tant du regret qu’elle éprouvait, mais plutôt une sorte de nostalgie douce-amère, une réminiscence persistante qui l’assaillait parfois et faisait ressurgir des sentiments et des sensations jadis familiers.

Les tonalités d’un téléphone l’arrachèrent à ses songes et, se hâtant doucement afin de ne pas éveiller les soupçons, la jeune fille s’empara du combiné qu’elle plaça contre son oreille. Un court silence fut observé par les deux partis, puis la voix profonde de Winston s’éleva au bout du fil ; Alice se surprit à éprouver un certain soulagement à ce timbre si particulier, froid et distant, mais agréablement reconnaissable. Winston était la seule personne au courant de son identité véritable, le seul qui puisse la sortir de cet enfer.


- Oui,
fit-elle d’une voix étouffée, je suis là.

- Avez-vous recueilli quelques informations concernant votre enquête dont je devrais avoir connaissance ?


Pendant un instant, Alice avait presque osé croire qu’il allait s’enquérir de son état physique ou moral, lui octroyer un mot, un seul, qui témoignerait de son soutien et s’efforcerait de la réconforter… Et pourquoi pas une visite conjugale avec Wentworth Miller tant qu’on y était ? S’efforçant d’adopter un ton professionnel et tout à fait solennel, elle lui répondit :

- Rien que vous ne sachiez déjà. Il est confiné dans sa cellule exigüe, ses sorties ne se résument qu’à quelques minutes d’air frais dans la cour et il occupe le reste de ses journées au travail pénitencier, seuls contacts qu’il ait avec les autres détenus du…

- Que font-ils exactement durant ce temps de travail ?
l’interrompit-il, portant un soudain intérêt aux passe-temps des prisonniers.

- Ils rénovent la salle de pose des gardiens de prison, à ce que l’on dit,
dit alors la jeune fille en plissant les yeux pour mieux voir le petit bâtiment qui s’érigeait au beau milieu de la cour. Il y aurait eu un incendie peu de temps avant mon arrivée et…

Pour la deuxième fois consécutive, Winston la coupa dans son élan :

- Sont-ils surveillés lorsqu’ils se retrouvent ensembles dans « cette salle de repos » ?

- Très sincèrement, j’en doute,
dit-elle en ravalant un soupire d’exaspération et en s’efforçant de conserver sa neutralité. Les gardiens de prison ne sont pas les fonctionnaires les plus scrupuleux et les plus dévoués à ce que j’ai pu constater.

Un silence assourdissant suivit ces quelques propos, rendant l’atmosphère un peu plus lourde qu’elle ne l’était déjà. Partagée entre la nécessité urgente de s’entendre rappeler qu’elle accomplissait là un travail difficile et dangereux - et qu’elle l’accomplissait bien qui plus est, et une certaine circonspection que lui imposaient la convenance et très certainement le respect dû à son supérieur, Alice n’osait pas le brusquer et se contentait donc d’attendre patiemment ou presque les nouvelles directives.

- Très bien, Davis,
reprit-il finalement, vous allez intégrer cette équipe et tenter de découvrir ce qu’…

- Pardon ?
lâcha la jeune fille d’une voix étouffée qui laissait entrevoir et désarroi et protestation. Infiltrer le TP n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît ! Je ne…

- Agent Davis,
rétorqua l’homme sur un ton impérieux, je ne vous demande pas votre avis, il s’agit là d’un ordre ! Et vous allez vous y soumettre sans protester, sans émettre la moindre objection, sans mentionner une quelconque difficulté. Est-ce bien clair ?

Alice parvint à marmonner un vague « très bien » entre ses dents serrées et s’empressa de raccrocher, les pensées en fièvre. Comment pouvait-il s’imaginer que… ? C’était impossible ! Le TP était contrôlé par John Abruzzi, parrain du crime organisé de Chicago et assassin sans scrupule, pour qui l’argent était gagné à force de patience et d’observation de ceux qui en perdaient. Aussi avait-il un sens curieux des affaires : tous les moyens étaient bons, selon lui, pour se faire de l’argent ; et visiblement, sa méthode était plutôt fructueuse puisqu’en quelques semaines, il était parvenu à mettre dans sa poche tous ceux qui n’en avaient pas. Qu’avait-elle à lui proposer ? Elle doutait qu’un sourire et une tape dans la main en échange d’une place dans l’équipe de TP contenterait le malfaiteur…

S’exhortant mentalement à la persévérance, la jeune fille se redirigea vers le centre de la cour où commençaient progressivement à affluer les détenus. Elle marchait tranquillement, le regard vide, comme absorbée par ses réflexions, mais avec la vigilance constante qu’il lui était devenue coutumière. Elle ne fut donc pas étonnée de se retrouver entourée par quelques enthousiastes au cœur plein d’espoir dès potron-minet. Quels qu’ils furent, ils n’avaient décidément pas choisi le bon jour pour tenter une approche et Dieu, s’il existait, aurait fait preuve d’une miséricorde sans pareille s’il ne les avait pas amenés à croiser son chemin ! Elle s’immobilisa et leur décocha un long regard, et de la voix la plus tranquille, leur dit :


- J’aurais adoré m’occuper de vous et remanier vos visage façon Picasso, mais il est encore tôt et je ne suis pas d’humeur à m’amuser. Pourquoi ne pas aller vous attaquer à un petit nouveau ou mieux, retourner vous asseoir sur ce banc et attendre gentiment que la sonnerie annonce le retour aux cellules ? Vous auriez des chances de survivre et de continuer à exercer vos forfaits.
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Evangelyne Mitra

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MessageSujet: Re: Car le passé est un mot, et que le souvenir en est le sens   Car le passé est un mot, et que le souvenir en est le sens EmptyDim 3 Fév - 20:29

Ses doigts caressaient lentement la surface lisse et pourtant rude du banc, comme si elle avait pu craindre de perdre ses sens, d’oublier où elle se trouvait. Comme si elle avait pu oublier, comme si elle pouvait seulement oublier qu’elle allait terminer sa vie ici, enfermée comme un animal, une bête mise en cage pour sa rancœur psychologique, sa violence physique et morale. Mourir à Fox River n’avait que peu d’effets sur elle, comme la mort n’avait jamais eu grand impact par le passé. Si Evangelyne savait redouter la mort pour autrui, elle ne craignait pas de devoir payer le lourd tribut final. Si elle avait eu un seul souhait à ce sujet, cela aurait été celui de mourir le moins douloureusement possible, car, après avoir enduré elle-même des centaines et des centaines de souffrances durant de longues années, elle voulait que sa fin ne soit ni plus ni moins qu’une grâce glissant sur son visage, l’enfermant dans le noir, le plus doux, le plus calme et le plus rassurant qu’elle ait connu.

Elle se surprit à penser à Bryan. Ce ne fut ni la colère ni la peine qui enserra son cœur mais bien la pitié. Alors qu’elle songeait mourir enfin, être délivrée d’un instant à l’autre dans une pure et nette illusion personnelle, Evangelyne trouvait encore le moyen d’avoir pitié d’elle-même et de cette pensée presque malsaine. Elle lui devait sa présence ici. Non, c’était si facile de le prétendre ainsi. Elle ne devait qu’à elle-même son enfermement, sa présence, son meurtre. Elle avait choisi de torturer et de tuer Chrys, elle avait choisi de venger sa jeune sœur, elle avait également choisi de cacher cette arme chez elle pour la faire disparaître plus adroitement plus tard. Elle avait également choisi son petit ami. Ce n’était plus de la rancune qui existait, car elle n’en avait déjà que trop pour elle seule. Evangelyne avait pitié de cet homme comme elle avait pitié d’elle-même. Sa vie ne se résumait plus à ce qu’elle avait vécu en vingt sept ans d’existence. Sa vie – comme chacun des détenus – ne se résumait plus qu’à son crime.

Puis vint l’image de son frère. De son jeune frère, Bruno. Il n’avait jamais été qu’un enfant. Vingt quatre ans, un corps magnifique, une intelligence remarquable, un tempérament superbe. Evangelyne le voyait malheureusement à son image, trop souvent, beaucoup trop. Bruno n’était pas elle, il n’était pas capable de supporter la même chose, de faire les mêmes choix. Elle ne l’en blâmait pas. Bien au contraire, elle le louait pour cela. Evangelyne savait qu’elle n’était pas plus forte que son frère cadet, sans doute plus fière, mais il était plus raisonnable, raisonné, sûr de lui, confiant et prometteur. Bruno serait la prospérité de la famille Mitra, et elle ne serait plus qu’un nom sur un acte de naissance et de décès. C’était la raison principale pour laquelle elle renonçait toujours à la voir, à lui téléphoner. Et pourtant, elle aurait pu. Il ne lui fallait faire que quelques pas en avant, décrocher ce maudit combiné, composer le numéro, et parler. En un léger sursaut presque imperceptible, elle avait réussi à se convaincre seule d’agir mais s’était ravisée tout aussi rapidement. Non, elle ne le pouvait pas.

Un frisson lui parcourut la nique et elle y joignit la main pour se rassurer seule. Evangelyne ferma les yeux un moment, sentant l’air frais de cette journée d’avril sur son visage, jusqu’à être certaine que les prochains frissons ne seraient dus qu’au froid et non à ses émotions. Son regard parcourut la cour, et elle retomba encore sur ces téléphones. Cela faisait déjà tellement de temps qu’elle n’avait pas entendu la voix de son frère. Elle en avait tant besoin mais lui avait tant besoin de l’oublier également. Tout serait plus simple si elle sortait de sa vie. Ce n’était pas la vérité, elle le savait mais voulait se convaincre du contraire. Bruno et elle étaient intimement liés, au point qu’il n’avait pas hésité pour la protéger, et elle savait qu’il l’aimerait toujours, même à travers toute rancœur ou culpabilité. Ce n’était pas des barreaux qui arrêteraient le cadet des Mitra, mais Evangelyne ne voulait pas faire de son frère un criminel. Salir le nom de sa famille n’était plus une question de dignité mais seulement de conscience. Jill était décédée, Evangelyne était enfermée, Bruno ne devait pas se hasarder sur quelques pentes glissantes.

Elle finit par se lever. Evangelyne devait parler à son frère ou elle mourrait sans doute de manque avant de faim ou de fatigue. Ce n’était que quelques pas, ce n’était que quelques chiffres. Il fallait qu’elle lui dise des choses essentielles, des choses vitales, certaines choses qu’il devait savoir avant de rater sa vie à son tour en manquant à ses devoirs. Son devoir n’était pas de venger sa sœur aînée, son devoir était de vivre épanoui et fort. Evangelyne ne pouvait souhaiter que cela. Alors qu’elle tentait de rejoindre l’autre bout de la cour, elle eut la sensation que tout allait au ralenti, comme si chaque pas l’entraînait vers la fin de quelque chose qu’elle ne pouvait comprendre. Son cœur battait plus vite que d’habitude, bien trop vite d’ailleurs. Une sorte de nausée ne tarda pas à s’insinuer à son tour, jusqu’à ce que le vertige soit présent. Vacillant un instant, les tempes battantes, le sang violent, le souffle court, les yeux humides de peine et de regrets, Evangelyne y était parvenue. Rare étaient les fois où elle pouvait être aussi vulnérable, mais elle n’eut pas le force de poursuivre son action.

C’était si difficile de reconnaître ses torts, et surtout de devoir les avouer de nouveau. Le cœur et le corps meurtri, elle se laissa en retrait. Evangelyne avait toute conscience que sa vie ne pouvait pas s’arrêter à un coup de fil et il ne s’y arrêterait pas, car elle ne le donnerait jamais. Elle se ravisa encore une fois, mais alors qu’elle comptait rejoindre ce banc qui était presque devenu sien, son regard tomba sur une silhouette qui lui était cent fois trop familière. L’obsession était devenue un de ses rares passe-temps, et tout portait à croire qu’Alice Davis ne serait jamais une « simple détenue ». Leur chemin devait se croiser sans cesse, c’était évident. Evangelyne eut plus de facilité à l’admettre qu’à se résigner de supprimer son besoin de contact familier avec son frère. Elle la suivit simplement des yeux, mais fut frappé d’une totale torpeur. Inspirant lentement, elle tentait désormais de savoir exactement ce qu’il se passait un peu plus loin. Sur le coup, sa nausée la reprit soudainement, mais le cadre tant spatial que temporel resta distinct et évident.
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Alice Davis
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MessageSujet: Re: Car le passé est un mot, et que le souvenir en est le sens   Car le passé est un mot, et que le souvenir en est le sens EmptyVen 27 Juin - 3:13

    Comme un visage en pleurs que les brises essuient, l’air était plein du frisson des choses qui s’enfuient. Le vent du matin qui soufflait dans la cours emportait en une rafale glacée les souvenirs craquelés et les lambeaux de rêve fugitif, les larmes et les plaintes à demi-étouffées, si bien qu’il ne restait aux détenus que les douleurs aggravées d’un corps débile et froid qui souffre de l’inconfort, et la conscience réconfortante d’une mort certaine au goût de délivrance. Ce n’était plus que des visages mornes et des regards vides, et tout ce gris, partout, dans le ciel de cristal et sur les murs décrépits, dans les yeux délavés et les joues creusées par la faim et le désespoir, ne faisait qu’accentuer encore la morosité ambiante.

    On dit que c’est au bout de trois semaines que vous saisit la fièvre en un bond de jaguar. Trois semaines entre les murs grillagés de Fox River, à s’imprégner chaque matin de cette nécessité terrible de trouver l’énergie pour poursuivre la même fastidieuse ronde d’habitudes stéréotypées. Trois semaines rythmées par les pauvres repas au réfectoire, les promenades et le retour nonchalant aux cellules. Et pas un rire d’enfant, pas un mot tendre en l’absence de lèvres, pas un livre où lire la sagesse, mais toujours, toujours cette impression obsédante de danger imminent qui vous guette dans les files d’attente du réfectoire, qui vous suit dans les couloirs sombres et vous hante jusque dans votre sommeil. Nuits d’insomnie ô nuits de Fox River ! Si agitées de cris plaintifs provenant des cellules voisines, des ressorts qui grincent au moindre mouvement et du bruit des draps qu’on rabat à ses pieds. Combien de fois Alice s'était-elle tournée et retournée dans sa couchette, cherchant désespérément un sommeil qui ne venait pas ? Et si tant bien est qu’elle le trouvait enfin, les cauchemars l’assaillaient aussitôt, ne lui laissant aucun répit. Les eaux troubles où elle traînait l’aspiraient vers les profondeurs abyssales, et elle avait beau se débattre, elle perdait pied comme dans une eau où le fond manque à tout instant, se raccrochait brusquement au réel pour s’enfoncer tout aussitôt et se débattre de nouveau dans une confusion pénible et enfiévrante.

    Alice Davis, que le vague à l’âme avait fini par gagner, était lasse, pas tout à fait résignée mais défaite de cette pugnacité qui l’avait longtemps habitée et dont l’absence, si soudaine et impromptue, se faisait remarquer dans le moindre de ces gestes. Quelle était donc cette langueur du corps et de l’âme ? Et d’où venait cet abattement ? C’était bien la pire peine de ne savoir pourquoi sans amour et sans haine il pleurait dans son cœur, dans ce cœur qui s’écœurait de tout et de rien, à commencer par les propos insipides de quelques bravaches en quête de nouvelles sensations. Elle n’était plus sûre de détenir encore la force et l’énergie suffisante pour se risquer à un conflit musclé, et pourtant elle était là, droite et fière face à ces détenus, prête à encaisser les coups s’il le fallait. Ce n’était pas tant de la résignation que l’acceptation de sa condition, sa condition de détenue plus que celle d’être humain d’ailleurs, car il n’y avait rien d’humain dans la façon dont les détenus étaient traités et encore moins dans celle dont ils traitaient leurs semblables. Et visiblement, elle était considérée comme une des leurs : c’était le même regard méprisable que l’on posait sur elle, c’était avec les mêmes mots dévalorisants qu’on s’adressait à elle. Elle ne le cautionnait pas, mais elle acceptait l’idée du moins, en partie parce que cela faisait partie du rôle qu’elle jouait.

    Rassemblant toute la dignité qu’il lui restait, seule arme qu’on ne saurait lui arracher, Alice releva le menton avec dédain. Elle était calme et confiante, fatiguée aussi de devoir à nouveau s’affirmer. Ces enfantillages ne cesseraient-ils donc jamais ? Devrait-elle éternellement affronter ces mâles qu’un surplus de testostérones et une longue abstinence rendaient plus idiots encore qu’ils ne l’étaient en temps normal ? Comme elle n’était pas disposée à attendre éternellement une réponse qui ne venait pas – et elle doutait d’ailleurs qu’elle put en obtenir un jour de la part de quiconque, elle se mit dans l’idée de leur fausser compagnie. C’était sans compter le détenu qui s’interposa sur son chemin et lui lança un très charmant « tu comptes aller où, ma jolie ? » sous les rires grossiers de ses congénères. Alice laissa échapper un soupire de lassitude, navrée par ce manque total d’originalité.


    - Nulle part qui nécessite votre compagnie, c’est certain. Et puis entre nous, si vous êtes en mal d’amis, prenez un hamster !

    Les huées fusèrent autour d’eux, invitant le détenu à renchérir. Pendant une fraction de seconde, il sembla perdre contenance. Les propos de la jeune femme et surtout l’humiliation qu’il venait d’essuyer l’avaient démuni de toute maîtrise de ses émotions et on voyait à la veine qui palpitait sur son front et au pourpre de ses joues qu’il peinait à se contenir. Alice observa avec un mélange de délectation et de désolation la rage crisper et la mâchoire et les poings du prisonnier. Il jeta un coup d’œil circulaire : tous ses camarades l’encourageaient à contre-attaquer. Son regard revint sur la petite chose insolente qui se tenait face à lui, si fragile et si exécrable. Il l’aurait broyé de ses propres mains s’il l’avait pu. Et ce regard narquois qu’elle lui lançait ! Et ce calme apparent ! N’avait-elle donc pas peur de s’attaquer à lui ? De lui parler de la sorte ? Ses narines frémirent sous la colère. Non, c’en était trop. Il s’avança de quelques pas vers la jeune femme, sûr de son effet. Mais pourquoi restait-elle immobile ? Pourquoi n’essayait-elle pas de sauver sa peau ? Qui était-elle donc pour conserver son sang-froid ?
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MessageSujet: Re: Car le passé est un mot, et que le souvenir en est le sens   Car le passé est un mot, et que le souvenir en est le sens EmptyVen 27 Juin - 16:05

    Alice Davis. Avait-on déjà vu enfant si éclairée et si peu innocente ? Elle ne devait pas avoir plus de vingt trois ans, et elle semblait pourtant particulièrement éreintée par son existence. Quelque chose en elle sonnait faux, mais, dans le même temps, quelque chose d’autre frappait d’une telle violence réalité que l’on ne pouvait que trop peu s’interroger sur le « pourquoi » et le « comment ». Dès qu’elles s’étaient rencontrées, Evangelyne avait eu cette sensation étrange que quelque chose de collait pas, qu’un détail, infime, était déplacé, et que sa jeune cadette n’était pas à sa place. L’était-elle davantage maintenant que ses traits étaient aussi marqués que n’importe quel détenu ? Elle n’y croyait pas le moins du monde. Elle avait délaissé ces questions depuis quelques temps, mais elles revenaient la tarauder des plus régulièrement. Alice Davis avait quelque chose de terriblement différent, fier, innocent. Cette façon si hautaine de se comporter avait quelque chose d’insultant, certes, mais également d’une telle dignité qu’il paraissait impossible qu’elle ait existence. L’insolence qu’elle avait démontré avait plusieurs fois fortement déplu à l’ex profiler et, pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de déposer une part d’admiration – enfantine – dans chacun de ses regards à son intention. Qui était-elle pour ainsi se comporter ? Il y avait toujours ce maudit lien inexplicable – ou presque – qui empêchait toute aversion qui soit. Alice n’avait rien de familier. C’était absolument faux, Alice avait quelque chose de franchement familier, mais Evangelyne évitait encore de penser que ce fut avec elle-même. N’y avait-elle rien de mieux à lui souhaiter ? Peut être déjà se défaire de l’avidité lubrique de quelques abstinents en mal d’affection, si ce n’était de lucidité.

    En moins de temps qu’il n’en fallait pour l’espérer, elle parvint à générer une quelque assemblée. Evangelyne eut une amère impression de déjà vu. Jared Stolarski. Vipère qu’il avait été. Quoi qu’il en soit, elle refusa catégoriquement de s’approcher, de s’en mêler, d’avoir quoi que ce fût à voir avec tout ceci. Ne s’était-elle pas déjà bien assez occupée de ce qui l’avait perdu ? Mais elle avait ce besoin intime et particulièrement dérangeant d’être quelqu’un d’important, d’audacieux, de banalement et pourtant exceptionnellement différent, et cette envie insatiable redoublait d’intensité quand il s’agissait d’Alice. Cette dernière était bien assez forte pour affronter davantage que ce petit désagrément, elle n’avait pas besoin d’elle. Evangelyne aurait aimé que ce besoin fût là, présent, existant, même sourdement, sans qu’elle ne le sache. Etait-ce le cas ? La vanité était le propre de l’Homme, à n’en pas douter. Son regard ne quittait plus leur affrontement, tandis que les détenus prenaient plaisir à lancer injure sur provocation, et provocation sur injure. Le tout donnait l’impression d’un combat de coq, où se jouait l’ego proéminent et injustifié d’un homme, et … l’insolente et digne fierté d’une femme.

    Bientôt, Evangelyne ne pût plus rien voir du duel. Elle se tint longuement à l’écart, sans être capable de s’en défaire totalement. Ses pensées vagabondèrent quelque peu, de Bryan à Bruno, de Bruno à Jill, et, inévitablement, de Jill à Alice. C’était un cercle terriblement vicieux, et elle ne faisait pourtant jamais quoi que ce soit afin de s’en défaire. Les huées redoublèrent. Evangelyne faisait déjà quelques pas afin de s’en éloigner, mais elle revint sur son intention, ravisant chacune des raisons la poussant à agir avec le maximum de lâcheté qu’elle se connaisse. Elle fit un pas en direction de ce nouveau cercle d’hostilités, et parvint à doucement en pénétrer les rangs. Les détenus sur son passage daignèrent s’écarter sans qu’elle n’ait trop à jouer des coudes, ou plus simplement qu’elle ait eu à croiser leur regard. Chacun avait son influence, qui allait du respect à l’intimidation. Evangelyne n’était pas tout à fait certaine de ce qu’elle pouvait bien inspirer aux individus qu’elle côtoyait. C’était bien différent de la peur. Elle se savait terriblement détestée, et pourtant cela ne lui portait aucun préjudice qu’elle jugea important. Ils se tenaient à distance, ils évitaient royalement tout conflit, et elle en était plus que satisfaite. C’était là un avantage qu’elle s’était attirée seule, quelque part malgré elle. Être et paraître étaient deux choses bien distinctes, mais dont tout le monde n’avait pas conscience.

      « Qui est-ce ? »

    Evangelyne avait pris soin de s’adresser à l’homme qui avait été un jour un « client ». Condamné car ayant assassiné deux femmes après les avoir sauvagement violées et battues, leurs retrouvailles avaient été des plus hostiles. Cependant, elle était certaine que ce fameux entretien précédent avait eu le bon goût d’indiquer à son interlocuteur qu’il valait mieux accéder à sa demande. Et il s’exécuta. Il commença à lui expliquer vaguement qu’Alice Davis était une jeune femme qui attisait fortement la convoitise des détenus, et alors qu’ils ‘en allait continuer, Evangelyne posa un regard des plus éloquents et menaçants sur lui, lui conseillant vivement de comprendre le fond de sa question. En effet, elle savait pertinemment qui était Alice – tout du moins, il ne pouvait lui en apprendre davantage. Elle voulait savoir qui était cet homme. Voulait-elle pour autant s’en mêler ? Potentiellement. Toujours fut-il que son interlocuteur se reprit en lui indiquant qu’il se nommait Duncan Doyle, qu’il avait été impliqué dans plusieurs braquages ayant tourné au drame, et qu’il avait le sale manie de se croire supérieur à tout le monde, d’autant plus aux femmes. Le stéréotype du prisonnier en somme. Il y en avait déjà tellement entre ces murs. Quoi qu’il en soit, Evangelyne posa alternativement les yeux sur Alice et son nouvel adversaire, certaine de sa totale passivité. Des deux, elle savait pertinemment qu’Alice serait la plus forte et la plus ferme, et c’était finalement délectable de l’observer aussi impassible – et furieusement arrogante – devant la menace. Qui parlait pour autant de ressemblance ? Pourtant, un léger sourire vint doucement se dépeindre sur les lèvres d’une Evangelyne des plus attentives.
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Alice Davis
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MessageSujet: Re: Car le passé est un mot, et que le souvenir en est le sens   Car le passé est un mot, et que le souvenir en est le sens EmptyMar 1 Juil - 21:27


    Partout où sa carrière l’avait conduite, Alice Davis avait laissé derrière elle le souvenir d’une jeune femme éclairée, compatissante et juste. Elle s’était toujours acquittée de ses fonctions avec une conscience scrupuleuse, ne dissimulant pas ses hésitations dans les cas difficiles ; soucieuse d’éviter toute erreur, elle acceptait et provoquait même la contradiction, seulement, une fois sa décision prise, elle la soutenait avec une courtoise fermeté. La volonté de parvenir à ses fins ne lui faisait jamais défaut, quant à la manière, elle savait vous surprendre de diplomatie. Cette discrétion ambitieuse lui avait valu parfois l’agacement de certains, surpris de se rendre compte, après coup, de lui avoir accordé ce qu’elle désirait. Pouvoir de Femme ou Femme de Pouvoir ? Tantôt l’un, tantôt l’autre. L’important était de ne pas perdre la face, et pour ça, tout n’était qu’affaire de présentation. Alice préférait le tact, la suggestion et la douceur à la revendication insistante. Après tout, l’art et la manière font autant que lois et autorité, charme en plus !

    Non moins que sa diplomatie « adaptée », sa remarquable perspicacité, la ténacité avec laquelle elle traitait ses affaires et la sûreté de ses avis lui avaient valu un certain ascendant auprès de ses collègues qui voyaient en elle un agent brillant et prometteur. Personne n’avait jusque là réuni au même point qu'elle la grâce à la finesse de l’esprit, et on prenait plaisir à la considérer, tant elle respirait une aménité de caractère pure et désuète, relevée toutefois d’une certaine hauteur, provenant, eût-on dit, d’une légitime fierté. Une beauté innocente, presque candide, voilà comment on pouvait qualifier Alice Davis. Si on lui connaissait parfois une certaine mélancolie, personne ne pouvait l’expliquer, car la belle était d’une grande discrétion sur sa vie intime et d’avantage encore sur ce qui avait fait son passé. Il y avait des bruits qui parlaient de deuils de famille mais rien n’avait jamais été vérifié ou démenti. Alice était un très bon agent, point. Mystérieuse et insondable, réfléchie et passionnée, coriace et indocile, lorsqu’on lui confiait une enquête, elle s’y donnait corps et âme. Peut-être avait-elle d’ailleurs mis un peu trop de son âme dans la dernière mission en date.

    Sa grâce juvénile était toujours là, ainsi que l’ardeur passionnée, mais dissimulée par les pertes douloureuses et les cruelles émotions de sa prime enfance qui semblaient l’avoir finalement rattrapée après tant d’années, comme si les sanglots de l’âme étaient tout à coup remontés à la surface. A cela s’ajoutaient les nuits d’insomnie et la rudesse de sa condition de détenue, et peut-être aussi l’ombre du désespoir dans ses yeux sombres, quoi que peu de gens l’eurent remarqué. Certes, le temps et la fatigue avaient effleuré sa candide jeunesse, et pourtant Alice n’en restait pas moins une très jolie femme. La délicatesse de ses traits n’avaient pas été altérés, ou si peu, et la courbure de ses lèvres était intacte, toujours aussi sensuelle. Elle avait seulement développé un charme noir, discret mais pourtant bien là dans le plie de sa bouche, oui, au coin, juste là. Est-ce que vous le voyez ? Il y avait dans le sourire givré de la belle un brin de provocation, un de ces petits airs suffisants qui suscitaient la plupart du temps une vague de haine et de mépris à son égard, mais qui, il fallait bien le reconnaître, la rendait d’autant plus désirable. Fleur bénie ainsi que l’épine maudite, étrange équilibre entre douceur et violence, qui pouvait savoir de quel côté pencherait la balance ?

    Confite dans un angélisme dévastateur, Alice savourait ce spectacle purement grotesque auquel elle avait été contrainte de participer, et bien qu’elle se fût sentie d’humeur plutôt pacifiste ce jour-là. Elle observait avec un mélange de satisfaction et de délectation la haine se déverser dans le sang du détenu et empourprer son visage, et plus il s’avançait vers elle, plus elle le sentait sur le point d’exploser, de perdre toute maîtrise de ses émotions. Si une expression de parfaite tranquillité avait revêtu ses traits, Alice n’en restait pas moins concentrée et vigilante, à l’affût du moindre assaut. Les sens exacerbés, elle était comme le sourcier qui guette l’oscillation du pendule. Elle sentait l’adrénaline couler dans ses veines et contracter ses muscles, si bien qu'elle en oubliait tous les autres détenus, rassemblés autour d’eux pour former une sorte d’arène ; leurs cris ne lui parvenaient plus que sous la forme d’une rumeur continue et inintelligible, même si elle se doutait bien que les huées qui lui étaient destinées cherchaient d’avantage à l’intimider plutôt qu’à l’encourager. Duncan Doyle – tel était le nom du détenu qui était bien décidé à l’affronter – mesurait deux têtes de plus qu’elle, et devait peser près de quatre-vingt dix kilos. Quatre-vingt dix kilos de muscles pour être exact. Une chose était sûre, Alice ne gagnerait pas le combat par la force. Néanmoins, il lui restait le courage et l’intelligence, la vitesse et l’agilité, sans oublier quelques rudiments d’arts martiaux.

    Lorsque le détenu ne fut plus qu’à une cinquantaine de centimètres d’elle, Alice lut dans son regard le doute et l’appréhension, fièrement dissimulés sous des airs de valeureux gladiateur déterminé à s’imposer. Il semblait étonné de la voir si sereine là où beaucoup se seraient repenti et auraient imploré sa miséricorde. Pas l’ombre d’une hésitation dans les yeux d’agate brune de la belle, pas la moindre anxiété. Seulement son air insolent et provocateur. C’en était franchement déconcertant. Déconcertant et intolérable. Au terme de longues secondes d’un silence lourd d’hostilité réciproque, le colosse fondit sur elle en un rugissement féroce. Alice eut à peine le temps d’esquiver son attaque que déjà, un poing serré filait droit sur elle. Elle le repoussa sans grande difficulté, comme on écrase un moustique, et les coups suivants également. Elle ne cherchait pas à attaquer, seulement à se défendre, laissant ainsi Duncan s’épuiser vainement. Il était en rogne, ne cessait de lancer ses poings, seulement aucun n’atteignait sa cible ; Alice les repoussait ou les évitait les uns après les autres, certains de justesse, mais toujours avec brillant, mêlant élégance et brutalité en un art férocement compétitif et techniquement beau. Comme on le lui avait enseigné, elle surveillait les yeux et le centre de gravité de son adversaire, les premiers révélaient ses pensées, le second, la direction qu’il allait prendre.

    Finalement, à bout de patience, Doyle fonça droit sur elle. Cette fois, elle ne put éviter son attaque et elle fut plaquée au sol avec toute la délicatesse qui était de mise. Elle se retrouva sur le dos, Doyle allongé de tout son long sur elle, essoufflé et épuisé, mais plus déterminé que jamais à prouver sa supériorité. Impossible de dire si la foule n’avait attendu que cet instant pour hurler ou bien si c’était Alice qui avait occulté leurs cris jusque là. Toujours est-il que la clameur lui parvint avec une netteté effarante lorsqu’elle se retrouva en position de faiblesse, ce qui n'était pas très bon pour son égo, encore moins pour sa confiance en elle, et pendant une fraction de seconde, Alice crut revivre l’instant où Clark Yalin avait essayé de l’étrangler, sous le regard indifférent d’Evangelyne Mitra. Cette fois, ce n’était pas un mais une trentaine – si ce n’était d’avantage - de regards indifférents qui assistaient à l’altercation. Doyle s’était redressé et était désormais assis sur elle, maintenant les bras de la jeune fille au-dessus de sa tête afin de l'empêcher de se débattre. Et il ricanait bêtement, un sourire démoniaque aux lèvres. Réduit à l’état d’impuissance, Alice sentit se vider doucement toute l’audace et la confiance qu’elle avait en elle pour ne laisser qu’un goût amer de déjà-vu. L’abattement se fit d’autant plus sentir que le détenu était en train de lui broyer les côtes ; et pourtant, ce n’était ni l’accablement ni la peur qui habillaient ses traits, mais la fierté, une fierté démesurée, insolente, provocatrice.

    Duncan cessa de bouger et pencha sa tête en avant, comme s’il s’apprêtait à lui murmurer quelque chose à l’oreille. C’est alors qu’une sorte d’alarme d’urgence se déclencha dans la tête de la jeune fille, un mélange de peur et de dégoût qui l’encourageait à réagir tant qu’il en était encore temps, à se servir de sa tête, et vite. Et c’est à peu de chose près ce qu’elle fit, littéralement, puisqu’elle donna un violent coup de tête au détenu. Il y eut un sinistre craquement et un cri de douleur à peine contenu. Le détenu se redressa et porta ses deux mains à son nez d’où s’écoulait un flot continu de sang. Alice profita de cet instant de vulnérabilité pour rejeter son adversaire en arrière et d’un bond, se relever. Haletante et prête à riposter en cas de nouvel assaut, elle l’observa instant, les poings en avant. Mais Duncan était toujours au sol, replié sur le côté, les mains entourant son nez ensanglanté. Alice reporta alors son attention sur la foule vociférante qui s’était rassemblée autour d’eux. Les regards des détenus exprimaient de la haine et du mépris à son égard, évidemment, mais pour la première fois depuis son arrivée à Fox River, un certain respect. A cet instant, elle était incapable de l’apprécier à sa juste valeur, son coeur cognait toujours dans sa poitrine et la tension était encore palpable. Son regard glissa autour d'elle, passant d'un visage à l'autre, jusqu’à ce qu’il se pose sur celui d’Evangelyne Mitra.

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MessageSujet: Re: Car le passé est un mot, et que le souvenir en est le sens   Car le passé est un mot, et que le souvenir en est le sens EmptyMer 2 Juil - 3:17

    Jillian Mitra était née sous le signe de la fierté suffisante et condescendante ainsi que la douceur subtile et maligne. D’abord, sa sœur, Evangelyne, et son frère, Bruno. Tous les trois avaient toujours été radicalement différents, et pourtant fondus dans le même moule, les rendant malgré eux forces de la Nature, non pas parce qu’ils étaient mieux ou pires que d’autres, mais seulement parce qu’en chacun d’eux sommeillait une lueur de puissance aveugle, qui consumait les êtres avec vanité, puis prétention. Jillian avait toujours été une jeune fille fragile, docile, et pourtant inflexible, insoumise. En elle, il y avait toujours eu cette délicate innocence qui invitait la confiance, et cette force prenante qui la confirmait à raison. La benjamine des Mitra avait toujours semblé appeler la protection et les soins, comme l’on protège et soigne un joyau, le sachant précieux, le pensant fragile, alors qu’il n’était rien moins qu’un diamant brut. Il n’y avait alors rien de plus solide qui soit, aucune hostilité qui n’y puisse quelque chose, et c’était là une force recelée dans une faiblesse, insoupçonnée, insoupçonnable, délicieuse à aimer, terrible à découvrir. Cela n’avait bien évidemment aucune importance, sauf si ce diamant brut ressurgissait comme réincarné, et guère en n’importe quoi, ni en n’importe qui car les yeux d’une aînée chérissant un souvenir s’étaient posés sur rien de moins qu’Alice Davis.

    Evangelyne Mitra était fondue d’impassibilité. Le sourire venu orner ses lèvres quelques secondes auparavant s’était bien vite estompé, car la mémoire avait alors fait son travail. Dans son souvenir, sa jeune sœur avait des traits plus doux et plus confiants que ceux d’Alice, mais il y avait exactement les mêmes traits de beauté, de charisme et de fermeté dans leurs deux visages, et c’était là un néant dans lequel l’ex profiler se perdait. Il y avait là une association à ne pas faire sous peine de perte de raison. Certaine de l’avoir perdu il y a bien longtemps, elle ne perdit pas un seul instant son attention quasiment contemplative pour la scène, en étant à la fois tendue et décontractée, car il y avait bien là une appréhension invisible contractant ses entrailles, mêlée à une confiance subtile et sans limite qui assurait ainsi une forme de délectation, comme si elle avait pu partager cet instant au plus près, tout en étant alors au plus loin.

    L’affrontement se donnant en spectacle sous les yeux de dizaines de détenus prenait une tournure absurde. Allaient-ils réellement se battre ? Tout portait à croire que ce serait le cas, mais les chances d’Alice s’amincissaient ainsi à vue d’œil. Evangelyne entendait déjà que tous prenaient les paris, gagnés d’avance, certes, mais elle demeurait confiante, comme certaine d’elle-même, misant silencieusement sur la « bonne » personne. Elle ne se surprenait plus le moins du monde à avoir ainsi foi en la jeune femme, comme s’il ne pouvait rien avoir de plus naturel que cela. Peut être était-ce de la naïveté, mais Alice Davis était-elle naïve ? Etait-elle innocente ? Etait-elle fragile ? Peut être, évidemment que peut être l’était-elle. Mais en grande maîtresse de l’art d’être et de paraître paradoxalement, Evangelyne savait qu’il n’y avait rien de plus sûr que la méfiance quant à l’eau qui dort. Alice était de l’eau, pure, claire, mais soudainement violente, forte, catastrophique, guère pour elle, seulement pour autrui. Un diamant brut.

    Bientôt, les coups se succédèrent. Evangelyne sentait la foule frémissante autour d’elle, acharnée d’avidité et de sadisme, s’évertuant à toujours hurler davantage comme si cette seule intention avait pu influencer le duel. Ses entrailles se tordaient chaque fois qu’une esquive se faisait, pareille à une sensation que tout ne fût qu’illusion, et qu’Alice avait alors subi un funeste destin sans que son aînée ne s’en rende compte. Cette dernière demeurait fermement impassible, confiante et pourtant torturée de doutes. Jamais l’idée de faire un pas vers eux ne lui avait traversé l’esprit, peut être parce qu’elle savait pertinemment qu’elle n’y pouvait rien, et qu’Alice demeurait jusqu’alors en elle comme une profonde amertume. Mais sa cadette se défendait fièrement, avec une dignité qui forçait inévitablement le respect, quoi qu’irritait et échauffait nécessairement les esprits. N’y avait-il pas alors un double intérêt à la désirer ? Evangelyne n’avait encore jamais réussi à savoir si Alice en jouait réellement ou si elle en subissait seulement les effets sciemment. Ces questions n’enlevaient rien à la violence futile de l’instant qui n’en finissait plus.

    Mais l’instant prit une tournure radicale. User son adversaire était une excellente tactique, l’irriter en était une sans doute aussi valable, mais plus risquée. Duncan Doyle eut enfin fait d’abattre Alice, au sens le plus propre du terme qui soit. Mais alors que tout aurait pu être des plus anodins, Evangelyne fut frappée avec violence. Ce ne fut rien de physique, mais purement moral, quelque chose qu’elle seule était en mesure de comprendre. Quelque chose d’amer courait ses veines depuis le début ne sembla se déverser qu’à cet instant, cet instant précis qu’elle choisit pour se défaire de son impassibilité afin d’afficher cette expression qu’on ne lui connaissait que trop peu : une lueur de violence, cette lueur qui annonçait son désir de souffrance, de vengeance sur autrui, cette sensation ardente qui consumait la raison, et que l’on nommait plus communément l’instinct meurtrier. N’y avait-il rien à faire ? Comme tous les autres, elle demeura, mais Alice frappait sa mémoire avec cette infâme sensation de déjà vu bien vite remplacée par la certitude d’un souvenir. Par deux fois, sa cadette s’était ainsi retrouvée soumise à la pression d’un colosse, à un certain danger de mort ou de sévices, et par deux fois, Evangelyne s’était tenue observatrice. Bien évidemment, elle aurait dû enfin agir, changer les choses, modifier un facteur de l’équation, quoi que ce soit qui eut permis de ne plus réitérer indéfiniment cette scène méprisable et même détestable, mais rien ne se fit. Elle demeura de marbre, forte d’un cœur de pierre qui n’en était pas un, mais qu’elle revendiquait ainsi. Alice eut tôt fait de trouver la force que son aînée lui attendait, mais là encore la passivité avait fait son mal.

    Le détenu roula sur le côté, ses mains pour son nez afin d’en contenir vainement l’hémorragie mais aussi la douleur. Quelques uns de ses camarades l’avaient rejoints, lui portant assistance avec une rare stupidité, s’agitant frénétiquement sans rien faire de concret, comme le maintenir sur le côté afin que le sang ne s’écoule sans lui porter préjudice, puisque Duncan Doyle semblait être un bien valeureux combattant, mais un piètre blessé, remuant de tout côté, déversant son liquide à tout va, jusqu’à n’en pas s’en défaire par simple bon sens. Il n’y avait là qu’une pathétique défaite qui n’avait pas de nom, hormis celui d’Alice Davis. Elle-même semblait quelque peu marquée par ce choc, mais guère aussi physiquement qu’on aurait pu le penser. Redoublée de tension et de fébrilité, prête à repousser de nouvelles attaques, mais personne ne venait. Chaque détenu présent posait sur elle un regard méprisant, haineux, qui était pourtant marqué par une reconnaissance passive que l’on nommait respect. Ne fallait-il pas se méfier de l’eau qui dort ? C’était l’étrange fierté que l’on pouvait désormais lire sur les traits d’Evangelyne.

    Lorsqu’elle croisa le regard d’Alice, Evangelyne se sentit redevenir impassible. Toute la suffisance qu’on lui connaissait reprit le pas sur la moindre des réactions auxquelles elle aurait pues songer. Semblant soudainement plus supérieure qu’elle ne l’était finalement, elle se retira doucement dans la foule, laissant les autres détenus se fondre devant elle, la séparer de sa cadette avec volonté. Qu’aurait-elle dû faire ? S’approcher ? Cela aurait alors remis en doute la fierté qu’Alice pouvait avoir sur l’instant, alors qu’elle n’avait désormais plus qu’à savourer cette victoire, car il s’agissait bien d’une victoire sur l’univers carcéral, sur tous ces détenus la méprisant d’un seul regard lubrique, sur Evangelyne elle-même ? Cette dernière avait une sensation particulièrement étrange au creux de ses entrailles, ce qui était à la fois net et indescriptible. Se retournant un instant, elle posa encore les yeux sur sa cadette, mais ce ne fut que pour finalement s’extirper du cercle. Elle ne comprenait pas pourquoi un sentiment de fierté tel l’habitait alors qu’elle n’avait absolument rien fait, ou dit. Non, bien évidemment, elle n’avait rien fait, mais elle avait cru, à raison, en Alice, et cela suffisait à toutes les fiertés satisfaites qu’elle eut connues en ces lieux.
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