RPG Prison Break
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 Loin de s'être tout dit l Alice

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Alice Davis
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Alice Davis


Féminin Nombre de messages : 58
Age : 33
Age du Perso : 22 ans
Crime : Détournement de fons et meurtre [Agent du FBI infiltré]
Travail : Agent du FBI [sous couverture]
Date d'inscription : 06/10/2007

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MessageSujet: Re: Loin de s'être tout dit l Alice   Loin de s'être tout dit l Alice EmptyMar 26 Aoû - 21:23


    Ce n’était pas de la résignation, ce n’était pas du désespoir, seulement l’acceptation de sa condition qui transparaissait dans sa démarche apathique et ses gestes indolents. Prisonnière du quotidien, comme enfermée dans un périple interminable et répétitif, Alice marchait avec nonchalance, alanguie tout à coup par une pesanteur de l’âme qui la clouait au sol et entravait ses pieds. Elle traînait son destin au milieu de figures monotones et des visages émaciés, ce funeste destin qu’elle s’était elle-même choisi dans ce qui désormais lui apparaissait comme un moment d’égarement. Et égarée, elle l’était. Fox River la promenait, la perdait, l’étouffait avec sa grisaille et sa maudite platitude. Toute spontanéité humaine était doucement annihilée, remplacée peu à peu par une monotonie proprement démoralisante. L’accomplissement de tant d’efforts pour contrecarrer une hypothétique récidive résidait non pas dans la prise de conscience de l'ampleur des crimes commis ni même dans une quelconque réhabilitation, mais bien dans le processus d’aliénation des détenus. Réduits à l’état d’automates, ils se déplaçaient en silence, exécutaient docilement les mêmes tâches répétitives à longueur de journée et se pliaient aux ordres, bon gré mal gré, afin de s’éviter la douleur inutile que leur procurerait un coup de matraque entre les omoplates. Tôt ou tard, même les plus récalcitrants finissaient par accepter les règles, n’ayant pas d’autre choix que de s’y soumettre s’ils souhaitaient survivre, faute de vivre.

    On avait beau feindre l’indifférence, se murer dans une imperturbabilité à toute épreuve et laisser croire que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, lorsque la nuit venait étendre son voile sur le monde carcéral, les vicissitudes de l’existence surgissaient d’entre les ombres et se joignaient à l’absence, le manque et la solitude, rendues plus oppressantes encore par les ténèbres, pour consumer les dernières forces qu’il restait à un détenu. Le tuer à petit feu. Chaque cellule renfermait une histoire, un drame, un homme et ses vieux démons, que rien n’était en mesure d’apaiser. Le système carcéral, au contraire, s’évertuait à rendre plus pénible encore la souffrance des détenus, et s’il ne parvenait pas à tous les anéantir, chacun d’entre eux se voyait marqué de son empreinte à jamais, une plaie profonde que rien ne saurait jamais guérir totalement. Cette blessure, Alice la portait en son cœur, un petit cœur mou, écorché vif par les barbelés et tout bleu de s’être cogné aux murs qui l’entravait ; et ce cœur si noble, si vaillant, et hélas si lourd déjà de ses propres peines, souffrait en plus du poids à l’excès qu’un malaise général lui imputait. Chaque visage anonyme portait une plainte qui l’abîmait, une douleur latente dont elle s’imprégnait sans vraiment le vouloir, telle une éponge à sentiments que rien ne semblait pouvoir étancher de sa soif. C’était une vague à l’âme, un tsunami d’émotions qui se répandait de la manière la plus insidieuse qui fut et venait troubler les eaux limpides de son cœur océan.

    Elle était lasse, lasse de porter sur ses épaules toutes les peines du monde, de jouer un rôle qui n'était pas le sien et plus que tout, lasse de se taire et de mentir. Le mois d’avril lui semblait ne devoir jamais finir, comme si chaque seconde se traînait sur ses pieds de plomb. Aux journées éreintantes succédaient des nuits sans sommeil ou si peu, tant bien que tout son corps trahissait la fatigue de cette vie indocile. Néanmoins, le jeune agent qu’elle était se refusait à baisser les bras. Envers et contre tous, elle luttait avec toute l’ardeur passionnée que lui insufflait la jeunesse. Elle luttait, malgré les difficultés qu’elle rencontrait et toutes celles qu’elle devrait encore affronter ; oui, de toutes ses petites forces, elle luttait. Non pas par orgueil ni même par fierté, mais parce que c’était sa raison d’être. Parce que dès lors qu’elle abandonnerait, le système aurait raison d’elle. Elle se raccrochait à la mission qu’on lui avait attribuée comme on s’accroche à une bouée, la seule chose vraie, tangible, qui lui restait.

    Les mains enfoncées dans ses poches et le regard perdu dans un entre-deux mondes fait d’invisibilité, Alice Davis marchait, sans savoir ce qu’elle cherchait ni même ce qu’elle fuyait. Elle se sentait juste le besoin de s’éloigner du tumulte, de s’isoler à l’abri des regards indiscrets. Jouant des coudes pour se frayer chemin au milieu des quelques trois cents personnes qui s’étaient réunies dans la cour, elle se hâta de rejoindre un banc resté libre. En s’en approchant, elle vit qu’un gardien l’observait avec suspicion de l’autre côté du grillage, certainement en raison de la querelle à laquelle elle avait été mêlée une semaine auparavant. Ses côtes en gardaient le douloureux souvenir... Elle voulut le rassurer en lui disant qu’elle ne comptait pas remettre cela de si tôt mais l’homme s’éloignait déjà poursuivre sa ronde un peu plus loin comme il était censé le faire. Elle se dit alors que s’il avait été sur les lieux le jour où on l’avait agressée, il aurait su qu’elle n’y était pour rien, qu’elle n’avait fait que subir la stupidité d’un détenu blessé dans son orgueil et incapable de se contrôler. Alice soupira de lassitude. Et alors qu’elle se passait les mains dans la nuque, son regard se dirigea vers les postes de téléphones, à quelques dizaines de mètres de là. Son attention fut vite attirée par un détenu en particulier qu’elle reconnut bien vite en la personne – appréciée et estimée – de Jared Stolarski. Un faible sourire éclaira son visage quand elle le vit reposer le combiné avec force, sous les regards hébétés des quelques détenus qui se trouvaient à proximité.

    Elle eut un léger pincement au cœur en se remémorant leur dernière rencontre, une brève entrevue qui s’était tenue dans un contexte des plus tragiques au réfectoire du pénitencier. Elle se souvenait être restée de longues minutes au chevet d’un détenu qui se vidait de son sang sans que personne ne daigne bouger le petit doigt, avec pour seul allié un Jared au courage exceptionnel qui n’avait pas hésité à s’interposer entre un détenu et plusieurs gardiens prêts à lui assener de violents coups de matraque sur le crâne. Aussi arrogant fut-il d’ordinaire, voire même proprement insupportable, il avait fait preuve ce soir-là d’une étonnante bravoure et surtout d’une humanité qu’elle ne pensait pas, jusque là, trouver dans le cœur d’un de ses camarades d’infortunes. Elle hésita longtemps, la voix sourde de mère Prudence l’exhortant à ne rien faire qui puisse mettre sa couverture en danger, avant de se décider à le saluer d’un timide et très discret signe de la main.
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MessageSujet: Re: Loin de s'être tout dit l Alice   Loin de s'être tout dit l Alice EmptyVen 29 Aoû - 19:33


    Jamais lever un bras lui avait demandé autant d’efforts. Etait-ce cela avoir un bras de fer ? Un membre si lourd qu’on le croirait fait de plomb ? Car aussi anodin qu’il put paraître, ce geste lui avait demandé une bonne dose de témérité, et sans doute autant de folie. Seulement, à peine avait-elle esquissé un timide signe de la main que l’audace dont elle venait de faire preuve lui était apparu comme un élan aussi risqué qu’il était inconsidéré, si bien qu’elle baissa aussitôt son bras, d’une rapidité qu’elle espérait assez modérée pour avoir l’air naturel. A la gêne qu’elle avait éprouvé un instant succéda presque immédiatement un terrible sentiment de culpabilité pour avoir mis en péril sa couverture, et peut-être pire encore. N’était-elle pas censée se fondre dans la masse des détenus ? Ne pas attirer l’attention sur elle ? Non contente d’avoir été mêlée à deux échauffourées, voilà qu’elle se mettait dans l’idée de fréquenter les deux détenus les plus susceptibles de percer à jour sa véritable identité : Evangelyne Mitra, ni plus ni moins qu’une ancienne profiler des plus douées dans son domaine, et Jared Stolarski, aussi vif d’esprit que mystérieux et qui en plus de cela, semblait dangereusement bien la comprendre. En soi, de loin les prisonniers les plus aptes à découvrir la vérité. C’était du suicide que de vouloir s’en approcher d’avantage et ainsi, risquer d’attirer leurs soupçons, voire même leur divulguer par inadvertance quelques indices qui les amèneraient à pénétrer son secret.

    Alice avait tout à fait conscience de l’intérêt qu’elle avait de conserver sa couverture jusqu’à l’achèvement de sa mission. Si sa véritable identité venait à être révélée au grand jour, les autres détenus verraient en elle une représentante du gouvernement américain ô combien déprécié et en tant que telle, la tiendraient pour responsable de leur condamnation. Ils n’hésiteraient pas à se venger sur le jeune agent démuni qu’elle était, et à le lui faire payer par tous les moyens possibles et inimaginables. Elle préférait d’ailleurs ne pas se l’imaginer, redoutant bien assez ce qu’il adviendrait d’elle si telle chose se produisait. Elle savait éperdument ce qu’elle risquait ; cette pensée ne la quittait jamais véritablement, devenant au mieux qu’une angoisse latente qui lui dévorait les neurones en silence, au pire une des crises qu’elle faisait parfois la nuit et qui l’obligeait à se tourner sans cesse dans sa couchette, couverte de sueur et les pensées en fièvres. Elle savait bien combien il était important de garder secrètes les véritables raisons de sa présence à Fox River, seulement la solitude et le mutisme ne lui réussissaient que très peu, et elle se sentait le besoin plus que l’envie d’entretenir une conversation digne de ce nom avec quiconque en serait disposé, quitte à prendre le risque de se brûler les ailes. Peut-être alors Jared Stolarski n’était-il pas la personne idéale, non pas qu’elle doutât qu’il fut capable de converser avec elle, mais parce qu’au contraire, il saurait décortiquer chacun de ses mots et en tirer une conclusion. A cette pensée, le sentiment de culpabilité qui la rongeait de l’intérieur se vit décupler et elle regretta amèrement d’avoir trouvé le courage de le saluer.

    Tandis qu’elle se mettait martel en tête pour le bon déroulement de sa mission, et accessoirement pour sa propre survie, il lui fallut en plus de cela essuyer le regard neutre que Jared lui adressait, ce qui ne fit qu’accentuer sa gêne, et finit par l’achever complètement. Son égo, qui était déjà en berne, en prit un sacré coup, tant bien qu’Alice se sentit rapetisser sous ce seul regard. A cet instant, elle se serait d’ailleurs damnée pour disparaître totalement si cela avait été possible, et ainsi ne plus avoir à subir cette indifférence glaciale dont le jeune homme venait de la gratifier. Elle l’observa s’éloigner à grands pas, et métaphoriquement, rejeter son cadavre à la mer, jusqu’à ce qu’elle se lasse de ce spectacle et détourne le regard. Blessée dans sa fierté mais ne voulant pas le laisser paraître, elle s’évertua à conserver l’expression de parfaite quiétude qu’on lui connaissait, avec en prime un petit air amusé qu’elle dédiait tout spécialement au charmant jeune homme qu’était Jared Stolarski. La fine fleur de la courtoisie, se dit-elle avec ironie.

    Quelle fut sa surprise lorsqu’elle le vit se diriger dans sa direction ! Avait-il changé d’avis finalement ? Elle l’observa s’avancer vers elle d’un regard aussi neutre qu’avait été le sien, peut-être même plus froid encore. Finalement, elle ne se sentait plus vraiment l’envie de lui parler, pas après l’indifférence qu’il venait de lui témoigner. Ou en tous cas, elle comptait bien le lui faire payer avant d’entamer la conversation. Il vint s’asseoir à ses côtés, comme si de rien n’était, ce qui eut le don de l’irriter, non pas qu’elle attendait des excuses, mais des explications, ou une tentative d’explications au moins ! Elle détourna le regard pour ne pas avoir à croiser le sien, et resta murée dans un silence qu’elle espérait de tout son cœur le plus désagréable possible. Jared prit une longue inspiration avant de s’adresser à elle avec une complaisance qui ne lui sembla pas être tout à fait honnête et qui passa même d’avantage pour de l’arrogance aux yeux de la jeune détenue. Celle-ci ne daigna pas le regarder quand elle lui répondit, d’un ton neutre, presque cassant :


    - Faîtes donc ça. L’espoir fait vivre, à ce qu'on en dit.
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MessageSujet: Re: Loin de s'être tout dit l Alice   Loin de s'être tout dit l Alice EmptyJeu 30 Oct - 18:16



    Il ne supporta pas le ton de sa remarque, elle le vit tout de suite à la façon dont ses yeux se plissèrent. L’esprit enflé d’orgueil, Alice se félicita intérieurement d’avoir su se procurer réparation de l’offense qu’elle avait dû essuyer, mais ne consentit pas pour autant à se séparer du masque d’indifférence, voisin du mépris, qu’elle avait revêtu. De lui avoir rendu la pareille, elle tirait une petite satisfaction, un maigre contentement qu’elle aurait bien aimé pouvoir savourer ; seulement elle en était incapable tant l’amertume la consumait. A cet instant, son seul désir était de lui rendre coup pour coup et de le blesser autant qu’elle l’avait été par son indifférence. Comme elle s’y attendait, Jared lui répondit avec autant d’acidité qu’elle lui en avait témoignée, mais alors qu’elle s’apprêtait à rétorquer avec plus de véhémence encore, gardant en réserve de lugubres menaces suffisantes et autres métaphores assassines, elle le vit se redresser. Les traits mordants, voire blessants, qui étaient sur le point de fuser restèrent suspendus au bout de ses lèvres charmantes et c’est d’un air sidéré qu’elle l’observa s’éloigner. Alice s’efforça du mieux qu’elle le put de retrouver sa neutralité apparente, relevant le menton avec un air de dédain où pointait tout l’orgueil dont elle était pourvue. Elle préférait encore le laisser partir plutôt que de s’excuser pour sa verdeur assassine que, de toute façon, il avait amplement méritée. Du moins s’efforçait-elle de se le persuader. Car malgré tous ses efforts pour rester digne et fière, à chaque pas qui l’éloignait d’elle, la colère et la douleur lui serraient un peu plus le ventre. Elle éprouvait une étrange sensation, sans oser se l’avouer, sans vouloir trop en dire.

    Lorsque Jared tourna les talons pour lui faire face à nouveau, son regard d’acier la transperça. Elle sentit la terre se dérober sous elle, sentiment d’un étrange vertige qui s’installe et vous rend plus imparfait encore quand on voudrait être si présent. Elle baissa les yeux, confite dans un mutisme gêné, avant de relever la tête pour le regarder, une expression coupable sur le visage. Il sembla alors sur le point de lui dire quelque chose, seulement aucun son ne parvint à franchir le seuil de ses lèvres, comme si son esprit refusait de se délivrer des mots qui l’encombraient. Alice le dévisagea un instant, cherchant à comprendre. Ses yeux bleutés trahissaient une détresse qu’elle ressentait sans pouvoir décrypter, les contours d’une blessure débordante d’humanité et de désarroi. Leurs regards s’accrochèrent l’un à l’autre dans une dernière tentative de se retenir, mais Jared finit par s’y dérober et s’en alla, emportant avec lui un espoir indécis et insoupçonné jusque là.

    Des cris des détenus ne lui parvenait plus qu’un murmure lointain et confus, comme si toutes les poussières de bruit s’étaient confondues en un silence assourdissant. Les derniers mots de Jared restèrent un instant suspendus, avant que le vent frais les envole et dévide la quenouille de ses espérances secrètes pour ne laisser que le songe d’un paradis perdu aussi brillant mais cassant qu’une filandre. Et déjà, Alice s’abîmait dans ses pensées éparses et décousues, une allée sans fond menant d’un monde à l’autre avec assez de lacis et de reposoirs de l’âme pour se perdre en chemin. Assaillie de doutes sur la véracité du témoignage de ses sens, elle en oubliait qui elle était, ses convictions et ses principes, ses aspirations d’ordre professionnel et ses rêves inavoués, autant de désirs contraires qui ne semblaient pouvoir coexister. Sans doute les amères leçons du passé devaient-elles être réapprises sans cesse puisque ce jour-là plus que d’habitude, elle devait garder à l’esprit qu’il ne fallait dépendre que de soi-même ; que l’attachement était une absurdité, une incitation à la douleur. Seulement, quoi que persuadée de cette idée, Alice se sentait emplie tout à coup d’une tristesse insondable que sa situation actuelle ne pouvait justifier en aucune façon, sinon par un attachement à… ce détestable Jared Stolarski. Elle prenait conscience tout à coup de l’importance qu’il avait à ses yeux et savait par avance qu’il allait lui manquer, comme tous ceux qui avaient un jour compté mais qu’elle avait laissé partir.

    Elle souffrait de l’ivresse des mots à ne pas dire, et elle avait beau combattre avec toute l’ardeur de son angoisse cette suprême déchéance pour ne pas céder à l’appel d’un esprit imaginant enivré, puis démoli, elle ne parvenait à se défaire de l’idée qu’il était peut-être celui qui saurait la guérir des blessures du passé et redonner un sens à son existence. Elle avait soif de cette sensation indiquant que la vie, au lieu de se fermer, s’ouvrait devant elle, qu’elle avait encore du chemin à parcourir et tant de choses à découvrir. Avalant sa salive, Alice se redressa avec lenteur. Elle ignorait ce vers quoi elle s’embarquait, elle ignorait même ce qu’elle espérait au juste, mais elle savait précisément ce qu’elle ne voulait pas : vivre dans le regret et s’en vouloir jusqu’à la fin de ses jours de ne pas avoir eu le courage de profiter de l’instant présent. D’un pas hésitant, elle s’avança dans la direction qu’avait prise Jared Stolarski. Il ne lui fallut que très peu de temps pour le repérer, un peu plus loin, marchant seul, les mains dans les poches, avec cette désinvolture presque insolente qui le caractérisait tant. Elle accéléra le pas pour le rejoindre, avec cette conscience piquante qu’elle laissait son âme pour en gagner une autre.

    Alice n’était plus qu’à quelques mètres du jeune homme lorsqu’elle le vit se faire « bousculer » par une brute épaisse. Il recula de quelques pas en titubant, sous les regards perplexes des autres détenus, surpris que le Jared Stolarski qu’ils connaissaient irrévérencieux et surtout insolent se montre tout à coup si peu enclin à les provoquer. Pressentant un problème, Alice s’approcha d’un pas vif et pausa une main sur l’épaule du jeune homme. C’est alors qu’il perdit ses appuis et s’effondra, avant de se mettre à vomir, manquant de peu d'éclabousser le colosse qui l’avait désarçonné. Il s’efforça de se relever par deux fois, mais échoua à chaque fois. Alice s’accroupit alors près de lui et, l’enserrant d’un bras qu’elle aurait préféré plus musclé, l’aida à se redresser.


    - Doucement. Je vais vous conduire à l’infirmerie, dit-elle d’une voix douce mais suffisamment ferme pour ne laisser aucune place au refus.
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